L’Afrique du Sud envisage de se retirer de la Cour pénale internationale (CPI), considérée comme une institution manipulée par l’Occident. Selon le vice-ministre sud-africain de la Gouvernance coopérative et des affaires traditionnelles, Kopeng Obed Bapela, la décision a été prise lors de la 55e conférence de l’ANC en décembre 2022 à Johannesburg. Le parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), considère la CPI comme un outil politique et partiel. Les autorités sud-africaines se réfèrent aux interventions des États-Unis lors de l’administration de George Bush et de Tony Blair, ainsi qu’à la politique menée par Barack Obama en Libye. Cette décision de quitter la CPI devrait être réexaminée lors de la prochaine conférence de l’ANC prévue en 2025.
Depuis plusieurs années, l’Afrique du Sud avait déjà envisagé de quitter la CPI, notamment en 2016-2017, lorsque le président soudanais Omar Hassan Ahmed el-Bechir s’est rendu en Afrique du Sud en dépit d’un mandat d’arrêt de la CPI. Les autorités sud-africaines ont alors refusé d’arrêter le président en exercice. Kopeng Obed Bapela ajoute que la décision de se retirer de la CPI prend également en compte la situation actuelle avec Vladimir Poutine, président russe, visé par un mandat d’arrêt émis en mars par la CPI. La Cour tient M. Poutine responsable du “crime de guerre de déportation présumée” d’enfants depuis l’Ukraine.
Le retrait de l’Afrique du Sud de la CPI sera un sujet important lors de la prochaine conférence de l’ANC en 2025. Kopeng Obed Bapela a déclaré que la révision de la politique de l’Afrique du Sud à l’égard de la CPI avait déjà été soumise à examen et que les documents avaient été examinés. Il a également souligné que cette décision de quitter la CPI devait être prise au niveau national, mais que le parti au pouvoir avait déjà pris position. Cette décision soulève des interrogations quant à l’avenir de la CPI, qui avait été créée pour poursuivre les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
La décision de l’Afrique du Sud de quitter la CPI pourrait remettre en question l’existence de la Cour et son rôle dans la poursuite des crimes internationaux. Selon l’avis de certains analystes, le retrait de l’Afrique du Sud pourrait encourager d’autres pays à suivre le même chemin. Cela risque également de porter atteinte à l’image de la CPI, qui est déjà critiquée pour sa partialité envers les pays africains. En effet, la plupart des poursuites menées par la CPI ont été dirigées contre des pays africains. Cette décision de l’Afrique du Sud pourrait donc avoir des implications importantes pour l’avenir de la CPI et de son rôle dans la lutte contre les crimes internationaux.
Patrick Babingwa