Manifestations et accusations de pollution : QMM, entreprise minière, au centre d’un conflit à Fort-Dauphin
Une nouvelle vague de tensions ébranle la région de Fort-Dauphin, dans le sud-est de Madagascar, suite aux activités de l’entreprise minière QMM. Cette filiale détenue à 20 % par l’État malgache et appartenant à Rio Tinto est spécialisée dans l’extraction de l’ilménite. Bien qu’un accord ait été conclu il y a six mois, des manifestants ont érigé des barrages sur la route menant au site, perturbant ainsi les opérations minières. Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les manifestants et permettre aux employés bloqués de regagner leur domicile.
Manifestants blessés et tensions accrues
La situation a été marquée par des affrontements, causant des blessures parmi les manifestants. Six d’entre eux ont été blessés et deux restent hospitalisés. Bonaventure Thomas Razanadahy, président de « Toteny Tanosy », une association de notables de Fort-Dauphin et médiateur entre les différentes parties, a rapporté ces incidents, ajoutant que les forces de l’ordre ont également été blessées. Le groupement de la compagnie de la gendarmerie de la région Anosy a dénoncé la présence de brigands amenés par les manifestants.
Réponse de QMM et accusations de pollution
Dans sa déclaration, l’entreprise minière a affirmé respecter le droit de manifester de manière sûre et légale, mais a souligné que les perturbations mettaient en danger le personnel et la communauté dans son ensemble, les contraignant ainsi à solliciter l’assistance des autorités. QMM reconnaît les préoccupations légitimes de la communauté et met en avant sa procédure de gestion des doléances, incluant un dialogue transparent avec toutes les parties prenantes, y compris les autorités locales et les représentants des communautés hôtes.
Outre les revendications liées à l’accord conclu il y a six mois, les manifestants accusent également QMM de polluer l’eau de la ville de Fort-Dauphin. La société minière réfute ces allégations, les qualifiant d’infondées. Les discussions de médiation entre les différentes parties n’ayant pas abouti, les manifestants ont insisté pour que leurs leaders soient présents lors des négociations.
Préoccupations sur la consultation et réaction de QMM
Les manifestants dénoncent également le renouvellement de la convention d’établissement de l’entreprise minière, conclue avec le gouvernement il y a deux semaines, sans leur participation. Ils déplorent le manque de consultation de leur part avant la conclusion de cet accord. Eugène Chrétien, l’un des leaders recherchés par les forces de l’ordre, a déclaré dans une vidéo publiée sur sa page Facebook que leur intention n’était pas de fermer QMM, mais plutôt de faire entendre leurs problèmes. Il a souligné que QMM avait un impact significatif sur leur quotidien, notamment en ce qui concerne l’accès à l’eau potable, un droit fondamental.
L’entreprise, quant à elle, a réaffirmé son attachement à trouver une solution privilégiant le dialogue et le respect des droits humains et sociaux de toutes les parties impliquées. QMM s’engage à mobiliser tous les moyens à sa disposition pour rétablir la paix et le calme dans la ville de Fort-Dauphin. Dans un autre développement troublant, l’Ordre des Journalistes de Madagascar a condamné les violences et les menaces de mort exercées contre trois journalistes, séquestrés pendant une heure par un groupe armé de lances et de sabres. L’Ordre des Journalistes demande l’ouverture d’une enquête sur ces incidents survenus le 28 juin lors de la couverture médiatique de cet événement.