Mangosuthu Buthelezi, le leader incontournable des Zoulous et fondateur de l’Inkhata, s’éteint à 95 ans
Mangosuthu Buthelezi, figure politique majeure en Afrique du Sud, est décédé à l’âge de 95 ans. Le fondateur du parti Inkhata, connu pour son rôle durant les violences pré-électorales de 1994, laisse derrière lui un héritage complexe.
Buthelezi était à la fois Premier ministre traditionnel de la monarchie zouloue, président de l’Inkhata, ancien chef du bantoustan du KwaZulu, et ministre de l’Intérieur sous Nelson Mandela. Son engagement sans faille envers la nation zouloue a marqué une époque où l’apartheid régnait en maître.
Mangosuthu Buthelezi a toujours défendu les intérêts de son peuple et de son roi. À la fin de l’apartheid, il a négocié pour que le roi possède les terres de l’ancien bantoustan, une région créée pour isoler les noirs en fonction de leur ethnie. Bien qu’il ait rejeté l’idéologie raciste de la ségrégation, il a toujours défendu un particularisme zoulou.
Il a fondé l’Inkhata Freedom Party en 1975, qui a été impliqué dans des guerres territoriales sanglantes avec les partisans de l’ANC dans les townships à majorité noire des années 1980 et 1990. Ces affrontements ont coûté la vie à près de 20 000 personnes. Son rôle pendant cette période a suscité des critiques et des accusations de collaboration avec le régime raciste, qu’il a farouchement niées.
Dans les années 1980, les tensions entre l’Inkhata et l’ANC s’aggravent, mais en 1991, Mandela et Buthelezi appellent à la fin des affrontements. Cependant, de nouvelles violences éclatent en 1992. En 1994, l’ANC remporte les élections, et Buthelezi devient ministre de l’Intérieur. Sa carrière parlementaire dure jusqu’en 2019, année où il annonce ne pas se représenter. Aujourd’hui, l’Inkhata est devenu un adversaire politique de l’ANC, marquant la fin d’une époque.
Malgré les controverses, Mangosuthu Buthelezi est salué comme un formidable leader ayant joué un rôle important dans l’histoire de l’Afrique du Sud pendant sept décennies. Sa disparition marque la fin d’une ère et suscite des réflexions sur son impact complexe sur la politique sud-africaine.