Les députés sénégalais affiliés à Ousmane Sonko, éminente figure de l’opposition, se trouvent face à un choix délicat. Le projet de loi d’amnistie générale, s’il est adopté, ouvrirait la porte à la candidature de Sonko pour la prochaine élection présidentielle. Cependant, cela impliquerait également de passer l’éponge sur les agissements de l’administration actuelle de Macky Sall, posant ainsi un véritable casse-tête politique.
Le dilemme réside dans le fait que cette loi, en plus de permettre la réintégration de leur parti politique (PASTEF) et la libération de leur leader, exigerait des partisans de Sonko d’accepter un compromis controversé : pardonner aux officiels du régime en place, responsables de multiples tensions et affrontements depuis 2021. Cette décision pourrait non seulement influencer l’avenir politique de Sonko mais aussi modifier la dynamique de son rapport avec son électorat, particulièrement ceux qui réclament justice et réparation.
Cette situation intervient dans un contexte marqué par des manifestations politiques et une répression accrue depuis 2021. Le gouvernement de Macky Sall, confronté à une opposition croissante, a suspendu le parti PASTEF et arrêté plusieurs de ses membres, dont Ousmane Sonko, sous diverses accusations. Le projet de loi d’amnistie, présenté comme un geste d’apaisement, soulève donc de profondes interrogations sur la sincérité et les intentions réelles du pouvoir en place.
La proposition de loi d’amnistie générale arrive à un moment critique, juste avant la fin du mandat de Macky Sall le 2 avril 2024, et soulève des questions quant à la tenue des prochaines élections dans des conditions équitables. Elle met en lumière les divisions au sein de la majorité et l’opposition, ainsi que les stratégies possibles pour les deux camps. Les prochains débats parlementaires seront déterminants pour l’avenir politique du Sénégal, notamment pour la participation ou non de Sonko à l’élection présidentielle.