Mercredi dernier, le paysage politique guinéen a connu un tournant majeur : le général Mamadi Doumbouya, président de la Transition, a par décret dissout l’ensemble des 342 conseils communaux du pays. Cette mesure radicale intervient à un moment critique, alors que les mandats des maires, élus en 2018, viennent de s’achever.
En lieu et place des conseils dissous, des délégations spéciales, nommées directement par l’État, prendront les rênes de la gestion des affaires locales. Cette transition vers un modèle de gouvernance nommé reflète une continuité avec les pratiques de l’ancien président Alpha Condé, qui avait également opté pour ce système avant les tumultueuses élections communales de 2018.
Cette dissolution n’est pas un acte isolé dans le panorama politique guinéen. Trois mois auparavant, le général Doumbouya avait annoncé son intention lors d’un discours du Nouvel An, signalant une volonté de réforme profonde. Ces changements interviennent dans un climat d’attente, alors que le pays se prépare pour un référendum constitutionnel crucial, censé jeter les bases d’une nouvelle ère politique.
Les délégations spéciales auront la lourde tâche d’organiser ce référendum, suscitant des inquiétudes quant à leur impartialité. Cette situation pose la question de la militarisation croissante de l’administration guinéenne, un sujet de préoccupation pour les observateurs et la classe politique. En outre, la loi requiert que de nouvelles élections communales soient organisées six mois après cette dissolution, un calendrier désormais incertain.
Le glissement du calendrier électoral, récemment annoncé par le Premier ministre Bah Oury, jette une ombre sur la tenue future des élections. Les délais prescrits par le Code des collectivités semblent de plus en plus irréalistes, soulignant les défis que la Guinée doit relever pour rétablir une gouvernance locale démocratique et représentative.
La dissolution des conseils communaux en Guinée ouvre un chapitre d’incertitude mais aussi d’espoir pour la refondation d’une gouvernance locale plus alignée avec les aspirations nationales de réforme. Le chemin vers la démocratisation et la stabilité sera parsemé d’embûches, mais également d’opportunités pour redéfinir le paysage politique guinéen.