Une inquiétude grandissante À 40 jours du scrutin présidentiel, la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) exprime ses préoccupations face aux développements politiques en Tunisie. Alors que l’opposition à Kaïs Saïed subit une répression accrue, avec de nombreux opposants emprisonnés et des candidatures invalidées, la Ligue dénonce un climat de plus en plus hostile à la démocratie.
La LTDH met en avant un ensemble de pratiques inquiétantes qui entachent la préparation de l’élection. Le pouvoir en place, dominé par Kaïs Saïed, est accusé de manipuler le processus judiciaire pour affaiblir ses opposants. Cependant, la validation inattendue de la candidature d’Abdellatif Mekki, un opposant de Saïed, a surpris bon nombre d’observateurs et la LTDH elle-même, qui doutait de l’indépendance de la justice.
Depuis la prise des pleins pouvoirs par Kaïs Saïed en juillet 2021, la société tunisienne semble replonger dans une ère de répression et de crainte. La voix de la LTDH se distingue dans ce contexte, alors que de nombreux dissidents préfèrent garder le silence par peur de représailles. Le président de la Ligue, Bassem Trifi, dénonce un climat politique “dominé par un pouvoir solitaire”, où l’égalité entre les candidats n’est pas assurée.
L’organisation pointe également la pression croissante sur les médias et la justice, ainsi que l’usage du décret 54, officiellement destiné à lutter contre la désinformation, mais utilisé pour cibler des opposants. Ces éléments, combinés à une violence politique verbale exacerbée, créent un environnement peu propice à une élection libre et transparente.
Il est important de noter que la LTDH, qui avait initialement adopté une attitude attentiste après la prise de pouvoir par Kaïs Saïed, s’oppose désormais ouvertement à lui. L’organisation décrit la Tunisie actuelle comme étant en passe de devenir une “vaste prison”, marquant ainsi une rupture nette avec son positionnement initial.
Malgré ce tableau sombre, la validation de la candidature d’Abdellatif Mekki est perçue par la LTDH comme un signe que l’indépendance judiciaire n’est pas complètement éteinte en Tunisie. Toutefois, cette décision n’efface pas les nombreux obstacles auxquels Mekki est confronté, notamment son interdiction d’apparaître dans les médias et de quitter sa résidence, rendant sa campagne présidentielle particulièrement ardue.