La semaine dernière, Aliko Dangote a officiellement présenté les premiers litres d’essence raffinés dans sa méga-raffinerie située à Likki. Après des années d’attente et un investissement colossal de plus de 20 milliards de dollars, cette infrastructure, censée devenir la plus grande raffinerie d’Afrique, est désormais opérationnelle. Cet événement marque un tournant dans l’approvisionnement en carburant du Nigeria, un pays longtemps sujet à des pénuries et des fluctuations de prix.
Le lancement de cette raffinerie intervient dans un contexte économique difficile pour le Nigeria. Le pays fait face à une importante dévaluation de sa monnaie, le Naira, et une inflation galopante. Selon Aliko Dangote, la production locale de carburant permettra de réduire considérablement la demande de dollars sur le marché, entraînant ainsi une stabilisation du Naira. En effet, la possibilité d’acheter du carburant en Naira au lieu d’importer en devises étrangères pourrait alléger la pression sur les réserves du pays et contribuer à rééquilibrer son économie.
Jusqu’à présent, le Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique, dépendait fortement des importations pour satisfaire ses besoins en produits pétroliers raffinés. Cette situation paradoxale a contribué à une fuite massive de devises étrangères et à des prix élevés sur le marché intérieur. La mise en service de la raffinerie Dangote vise à résoudre ce problème en offrant une solution locale, capable de répondre à la demande nationale tout en réduisant les coûts liés aux importations.
Avec une capacité de production prévue de 650 000 barils par jour, la raffinerie pourrait couvrir l’ensemble des besoins en carburant du Nigeria. Si les prix du carburant baissent, comme cela a déjà été observé pour le gazole, l’ensemble de l’économie pourrait en bénéficier. La baisse des coûts de transport et de production pourrait se traduire par une réduction des prix des biens et services, notamment dans les zones rurales. Cela pourrait également freiner l’inflation, un problème persistant pour l’économie nigériane.
L’un des effets les plus attendus de cette nouvelle raffinerie est la baisse des coûts de production dans de nombreux secteurs industriels. En rendant le carburant plus accessible et moins cher, les entreprises pourraient réduire leurs coûts de transport et de production, ce qui se répercuterait sur les prix des produits finis. Le secteur agricole, en particulier, pourrait bénéficier de cette réduction des coûts, facilitant l’acheminement des productions vers les grandes villes.
Cependant, il faudra attendre que la raffinerie atteigne sa pleine capacité, prévue pour le premier trimestre 2025, pour évaluer l’impact réel sur l’économie. Les analystes, comme Cédrick Jiongo de Sika Finances, soulignent que de nombreuses incertitudes planent encore. Bien que les perspectives soient prometteuses, seul le temps permettra de savoir si la raffinerie de Dangote pourra véritablement transformer l’économie nigériane et stabiliser durablement le Naira.