L’École supérieure de journalisme (ESJ) de Paris vient d’être rachetée par un groupe d’industriels conservateurs, dont fait partie Vincent Bolloré, une figure souvent critiquée. Ce rachat, annoncé vendredi, a causé beaucoup de préoccupations dans le secteur des médias, où une poignée de milliardaires contrôle déjà une grande partie des journaux et chaînes.
Cette acquisition se produit alors que beaucoup de critiques se font entendre sur la concentration des médias en France. Plusieurs grands journaux et chaînes sont détenus par des personnes influentes comme Vincent Bolloré, Bernard Arnault, ainsi que les groupes Dassault et CMA Médias. Le but affiché de ce rachat est de transformer l’ESJ Paris en une école de journalisme d’excellence, surtout dans le domaine économique. Cependant, beaucoup craignent que cela ne renforce l’influence conservatrice dans l’enseignement du journalisme.
En France, la majorité des médias sont déjà contrôlés par des grands groupes industriels, ce qui fait craindre à de nombreux observateurs une perte d’indépendance et de diversité dans l’information. Le syndicat CFDT Journalistes a exprimé son inquiétude sur les réseaux sociaux, craignant que l’enseignement à l’ESJ Paris soit influencé par les intérêts des milliardaires, au lieu de rester neutre et équilibré.
Pour l’avenir de l’ESJ Paris, les avis sont divisés. Vianney d’Alançon, le nouveau président de l’école, voit ce rachat comme une opportunité de renouveler l’institution tout en respectant la tradition journalistique française. Mais des experts comme l’historien des médias Alexis Lévrier craignent que cela ne mène à une formation orientée idéologiquement, et que l’école perde ses valeurs d’indépendance et d’éthique.
Cette situation est encore plus inquiétante dans un contexte où certaines écoles de journalisme, comme l’ESJ Lille, sont accusées d’être trop progressistes par les médias conservateurs. Le rachat pourrait alimenter les critiques contre ces écoles, souvent qualifiées de « woke » par certains opposants. Alexis Lévrier pense que ce rachat est une nouvelle tentative des milliardaires pour influencer la formation des journalistes et promouvoir leurs propres intérêts politiques.
Il est aussi important de noter que l’ESJ Paris ne fait pas partie des 14 écoles de journalisme officiellement reconnues par la profession en France, ce qui réduit quelque peu l’impact de ce rachat. Selon Alexis Lévrier, tant que les autres écoles restent indépendantes, l’éthique journalistique pourra être préservée. De plus, le rôle de certains actionnaires comme Bayard Presse, connu pour son approche plus équilibrée, pourrait limiter l’influence de Bolloré au sein du groupe de repreneurs, empêchant ainsi une emprise trop importante sur l’école.
L’@ESJParis va-t-elle devenir la Bolloré School of Journalism ?
La reprise de cette école de #journalisme par un consortium de propriétaires de médias nous inquiète. Nous alertons sur le risque de formatage conservateur, et favorable aux intérêts des puissants. #journalistes pic.twitter.com/OfzD3kZYhc— CFDT Journalistes (@USJCFDT) November 16, 2024