Ce mercredi 27 novembre, la Namibie se prépare à une élection importante. Environ un million et demi de personnes vont voter pour élire leur président et renouveler le Parlement. Depuis que le pays est devenu indépendant en 1990, l’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (Swapo) a gagné chaque élection sans problème, représentant le mouvement de libération nationale. Cependant, la popularité du parti semble s’affaiblir, et l’issue de cette élection est plus incertaine que jamais.
Pendant des années, le slogan « La Swapo, c’est la nation, et la nation, c’est la Swapo » était accepté sans question. Mais aujourd’hui, les choses changent. Après la défaite du Botswana Democratic Party (BDP) au Botswana voisin, un sentiment de changement commence à émerger dans la région. En 2019, la Swapo avait déjà perdu du terrain : Hage Geingob, qui était alors président, avait vu sa part de voix passer de 86 % à 56 %, et le parti avait perdu des sièges au Parlement. Cette fois, une élection serrée et même un second tour semblent tout à fait possibles.
La mort du président Hage Geingob en février 2024 a profondément changé la politique en Namibie. Sa remplaçante désignée, Netumbo Nandi-Ndaitwah, pourrait devenir la première femme à diriger le pays. À 72 ans, elle est une figure centrale de la Swapo depuis de nombreuses années. Pourtant, la Namibie est un pays jeune : la moitié de la population a moins de 30 ans et le chômage est très élevé. Ces jeunes se demandent pourquoi les richesses du pays ne sont pas mieux partagées.
La Namibie possède d’importantes ressources naturelles, comme l’uranium, le diamant, et des réserves prometteuses de pétrole et de gaz offshore. Mais beaucoup de citoyens ne voient pas les bénéfices de ces ressources. La question du partage des terres est aussi un problème majeur : 70 % des terres sont toujours aux mains de la minorité blanche, qui représente seulement 6 % de la population. Ces inégalités sociales et économiques rendent l’issue de l’élection très incertaine pour la Swapo, surtout face à des adversaires de plus en plus motivés.
Parmi les quatorze autres candidats, Panduleni Itula est le principal rival de la Swapo. Ancien membre du parti, il avait obtenu 29 % des voix en 2019. Depuis, il a renforcé sa position en prenant le contrôle des deuxième et troisième plus grandes villes du pays lors des élections locales de 2020. Pour beaucoup de Namibiens déçus par la situation économique et les inégalités, Itula est une alternative crédible.
Pour la première fois depuis l’indépendance de la Namibie, un second tour semble être une possibilité réelle. La Swapo doit faire face à un défi de taille, avec une population jeune qui veut du changement et des rivaux de plus en plus populaires. Cette élection pourrait bien être un tournant pour le pays, en ouvrant la voie à un partage plus équitable des richesses et à un renouveau politique.