Le régime de Bachar el-Assad, qui semblait indétrônable, a fini par s’effondrer. Cet événement majeur marque la fin d’un pouvoir répressif de plusieurs décennies. Ce tournant géopolitique suscite de nombreuses interrogations sur ses répercussions en Afrique, où les connexions avec le Moyen-Orient restent stratégiques.
Cette chute s’explique par une combinaison de facteurs. Les soutiens historiques d’Assad – la Russie, l’Iran et le Hezbollah – ont progressivement réduit leur implication. Moscou, absorbé par le conflit en Ukraine, a vu ses capacités d’intervention en Syrie s’amenuiser. Le Hezbollah, affaibli par des frappes israéliennes, a exprimé son désaccord envers un Assad qui n’a pas soutenu ses alliés au Liban. Quant à l’Iran, confronté à des pressions croissantes de la part d’Israël et des États-Unis, il a dû réévaluer ses priorités stratégiques.
La chute d’Assad intervient dans un contexte de transformations géopolitiques globales. Pour l’Afrique, cette évolution soulève des enjeux cruciaux. Les relations entre plusieurs pays africains et la Syrie, notamment dans le cadre de partenariats économiques ou sécuritaires, seront forcément impactées. Par ailleurs, les groupes armés et les réseaux transnationaux pourraient chercher à tirer parti de l’instabilité syrienne pour renforcer leur présence en Afrique.
La fin du régime syrien ouvre la voie à de nouvelles dynamiques régionales. Israël et la Turquie pourraient consolider leurs positions, tandis que des puissances émergentes comme la Chine ou certains pays du Golfe pourraient tenter de combler le vide laissé par la Russie et l’Iran. L’Afrique, elle, pourrait être indirectement touchée, notamment par des changements dans les flux migratoires ou des ajustements dans les alliances stratégiques.
Pour l’Afrique, cette nouvelle donne ouvre des perspectives variées mais aussi des défis importants. En Libye, déjà fragilisée par une guerre civile prolongée, la chute du régime syrien pourrait entraîner un déplacement de certains combattants ou factions qui ont profité de l’instabilité syrienne pour se renforcer. Cela risque de compliquer davantage le processus de pacification en cours dans le pays. Par ailleurs, le Soudan, qui cherche à redéfinir ses alliances internationales après la chute d’Omar el-Béchir, pourrait voir dans ce bouleversement une opportunité de négocier de nouveaux partenariats, notamment avec des puissances comme la Turquie ou les pays du Golfe, qui renforcent leur influence dans la région.
Ces transformations auront également des impacts sur le Sahel, où les groupes djihadistes pourraient tenter de tirer profit de la désorganisation syrienne pour accroître leur influence. Des pays comme le Mali ou le Niger, déjà sous pression, devront redoubler d’efforts pour contenir ces menaces transnationales. L’Union africaine, quant à elle, devra jouer un rôle moteur pour coordonner les réponses africaines et éviter que ces crises ne contribuent à une plus grande fragilité des États. Cette vigilance sera essentielle pour maintenir la stabilité régionale et protéger les populations africaines des conséquences indirectes de cet effondrement.