Le 7 décembre 2024, le président burundais Évariste Ndayishimiye a signé un décret fixant les législatives au 5 juin 2025. Ce texte a immédiatement suscité des tensions. Agathon Rwasa, figure emblématique de l’opposition burundaise, et ses partisans dénoncent un dispositif “taillé sur mesure” visant à les exclure. Ces accusations mettent une fois de plus en lumière les rivalités persistantes entre le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, et l’opposant historique.
Les proches de Rwasa accusent le CNDD-FDD d’utiliser des moyens légaux pour éliminer la compétition électorale. Le décret, selon eux, s’inscrit dans une stratégie délibérée visant à neutraliser toute opposition crédible. Ils pointent notamment le silence des autorités sur ces accusations, alimentant les soupçons d’un plan orchestré pour maintenir le monopole du pouvoir face à une figure politique redoutée.
La rivalité entre le CNDD-FDD et Agathon Rwasa trouve ses racines dans l’histoire du Burundi, marquée par la guerre civile (1993-2005). Les deux formations, issues d’ex-mouvements rebelles hutus, ont souvent été en conflit, parfois violemment. Depuis 2010, Rwasa a été écarté à deux reprises de la tête de ses partis successifs, à chaque fois sous des prétextes jugés contestables, renforçant les soupçons d’interférences gouvernementales.
À l’approche des législatives de 2025, l’avenir politique de Rwasa semble compromis. Écarté de son propre parti, le Congrès national pour la liberté (CNL), en mars 2024, il ne répond pas non plus aux critères pour une candidature indépendante, selon les dispositions légales en vigueur. Si ses adversaires célèbrent déjà son absence probable, certains de ses proches affirment que tout n’est pas perdu, sans donner plus de détails.
Malgré les obstacles, Rwasa n’a jamais baissé les bras. En 2015, il avait créé une coalition d’indépendants après son éviction des Forces nationales de libération (FNL), son ancien parti. En 2018, le référendum constitutionnel, qui interdisait les coalitions indépendantes, avait représenté un nouveau coup dur. Pourtant, il a toujours trouvé le moyen de se maintenir comme une figure clé de l’opposition.
La marginalisation d’Agathon Rwasa pourrait toutefois se retourner contre le pouvoir en place. En affaiblissant l’opposition, le CNDD-FDD risque de fragiliser davantage le système démocratique du pays, déjà critiqué par de nombreux observateurs. Les accusations d’exclusion et les tensions politiques pourraient également exacerber les divisions au sein de la société burundaise, à un moment où le pays a besoin de stabilité pour avancer.