Le gouvernement mauricien, dirigé depuis un mois par le Premier ministre Navin Ramgoolam, tire la sonnette d’alarme face à la situation économique critique du pays. Celui-ci a dénoncé un « crime économique » en référence à la gestion des finances publiques laissée par son prédécesseur, Pravind Jugnauth. Une dette publique qui dépasse désormais 80 % du PIB et des déficits multiples, notamment dans les entreprises parapubliques, soulignent la gravité de la crise à laquelle Maurice fait face.
Le nouveau gouvernement accuse l’administration précédente d’avoir manipulé les chiffres économiques, une accusation renforcée par les doutes exprimés par le FMI concernant les statistiques officielles du pays. Le FMI a ainsi recommandé l’indépendance des services statistiques pour éviter toute manipulation future. L’actuel Premier ministre, Navin Ramgoolam, a notamment critiqué la hausse irresponsable de la dette publique et la mauvaise gestion des projets d’infrastructure, dont le Métro Express, un projet phare du gouvernement précédent, dont la dette atteint près de 320 millions d’euros.
Cette crise financière s’inscrit dans un contexte politique complexe. Le pays, autrefois perçu comme un modèle de stabilité économique en Afrique de l’Est, traverse une période de turbulences liées à la gestion des ressources publiques et à des projets de grande envergure mal évalués. La situation est d’autant plus critique que plusieurs entreprises parapubliques, notamment dans les secteurs de l’électricité et de la distribution d’eau, sont également en déficit important, ce qui met en péril la viabilité du modèle économique actuel.
Face à cette situation, le gouvernement Ramgoolam a d’ores et déjà annoncé son intention de solliciter l’aide de partenaires internationaux pour redresser l’économie mauricienne. Le vice-Premier ministre, Paul Bérenger, a précisé que des appels à l’aide seraient adressés à des pays amis comme l’Inde, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine, ainsi qu’à des institutions financières internationales telles que le FMI et la Banque mondiale. Ce recours à l’aide extérieure pourrait jouer un rôle clé dans la stabilisation de l’économie du pays.
Pour éviter de nouvelles crises économiques à l’avenir, le gouvernement a annoncé la création d’une Fiscal Responsibility ACT, une loi sur la responsabilité budgétaire. Cette législation vise à encadrer strictement les dépenses publiques, avec la mise en place d’une agence dédiée au contrôle des finances publiques. Ces réformes devraient permettre de restaurer la confiance dans la gestion économique du pays et de garantir une plus grande transparence dans l’utilisation des fonds publics.
Des économistes et des observateurs locaux soulignent que la situation de Maurice n’est pas unique, mais qu’elle reflète les défis auxquels sont confrontés de nombreux pays africains en matière de gestion des finances publiques. La gestion de projets d’infrastructure coûteux, combinée à une dette publique en hausse, met en lumière l’importance d’une gouvernance rigoureuse et de partenariats économiques solides. Si l’aide extérieure peut apporter un soulagement à court terme, c’est avant tout une réforme structurelle de l’économie qui semble indispensable pour assurer une véritable stabilité à long terme.