Le sommet tant attendu entre le président rwandais Paul Kagame et son homologue congolais Félix Tshisekedi, prévu à Luanda sous l’égide du médiateur angolais João Lourenço, a été annulé. Cette rencontre, censée déboucher sur un accord de paix, a échoué avant même l’arrivée des chefs d’État. Selon la présidence angolaise, le sommet n’a pas eu lieu en raison de l’absence de la délégation rwandaise, qui a justifié cette absence par un désaccord avec le processus de dialogue.
L’annulation du sommet trouve son origine dans un blocage diplomatique concernant les discussions sur le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda. Ce groupe est au cœur du conflit qui ravage l’est de la République Démocratique du Congo. Le Rwanda a conditionné sa présence à un dialogue direct entre Kinshasa et le M23, ce que la RDC a catégoriquement rejeté, insistant sur le fait que le M23 est un instrument de Kigali et ne doit pas être légitimé par des négociations.
Le conflit dans l’est de la RDC a des racines profondes, remontant à la guerre de 1994 au Rwanda, qui a débouché sur l’implantation de milliers de réfugiés hutus au Congo, et à des tensions récurrentes entre les deux pays. Le M23, un groupe armé composé en grande partie de Tutsi congolais, est accusé de bénéficier du soutien du Rwanda, ce que Kinshasa et la communauté internationale déplorent. Les discussions entre les deux nations se sont intensifiées ces dernières années sous l’égide de l’Union africaine et des efforts de médiation, notamment dans le cadre du processus de Nairobi, mais les désaccords demeurent sur la question du M23.
L’annulation de ce sommet remet en question la viabilité du processus de paix de Luanda. Si cette rencontre aurait pu ouvrir la voie à une désescalade, l’impasse actuelle pourrait entraîner une prolongation du conflit. Kinshasa reste déterminé à ne pas dialoguer avec le M23, tandis que le Rwanda continue de mettre en avant la nécessité de négociations. Cette situation laisse planer le doute sur la capacité des médiateurs à rétablir la paix dans une région en proie à une instabilité chronique.
L’annulation de la rencontre a provoqué des réactions vives, tant au niveau politique qu’au sein de la société civile congolaise. John Banyene, président de la société civile du Nord-Kivu, a exprimé son indignation et a appelé le gouvernement congolais à prendre des mesures fermes pour récupérer les zones contrôlées par le M23. Sur la scène internationale, les médiateurs continuent de plaider pour la reprise du dialogue, mais la confiance semble désormais minée par les accusations réciproques.
La présidence angolaise, en tant que facilitateur du processus de paix, se trouve dans une position délicate après cet échec. João Lourenço, qui a œuvré pour réunir les deux parties, devra redoubler d’efforts pour relancer les négociations. L’Union africaine, dont le rôle est crucial dans cette médiation, pourrait jouer un rôle décisif pour convaincre le Rwanda et la RDC de revenir à la table des négociations, mais la route vers la paix reste semée d’embûches.