Ce mercredi 18 décembre, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a présenté devant le Parlement le budget national pour 2025, baptisé « budget de restauration ». D’un montant de plus de 30 milliards d’euros, ce plan vise à sécuriser la paix et relancer la prospérité économique du pays. Cependant, il s’accompagne d’une prévision inquiétante : un déficit record de plus de 8 milliards d’euros, soit près de 4 % du PIB national.
Lors de son discours, Tinubu s’est montré optimiste concernant l’inflation, qui avait dépassé les 34 % en novembre. Il a assuré que ce taux pourrait être réduit à 15 % grâce à l’intensification de la production de carburant et à l’exportation accrue de produits raffinés. Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie visant à renforcer l’autonomie énergétique du Nigeria et à diversifier ses revenus.
Le Nigeria, principal producteur de pétrole en Afrique, traverse une période économique délicate. Malgré une hausse récente de la production pétrolière à 1,7 million de barils par jour en novembre 2024, le budget repose sur une estimation ambitieuse de plus de 2 millions de barils par jour en 2025. Cette projection, jugée optimiste par plusieurs analystes, reflète une dépendance persistante du pays aux revenus pétroliers, dans un contexte où les fluctuations des cours mondiaux et les sabotages des infrastructures demeurent problématiques.
Le ministre des Finances a néanmoins tenu à souligner des signaux encourageants, notamment l’annonce d’investissements majeurs de Shell et Total, évalués à plusieurs milliards d’euros. Ces initiatives, espère-t-il, devraient redonner confiance aux investisseurs étrangers et stimuler la croissance économique. Toutefois, ces engagements restent à concrétiser et pourraient ne pas suffire à combler les déficits structurels de l’économie nigériane.
Ce budget, bien que symbolisant un effort de reconstruction, met en lumière la nécessité pour le Nigeria de diversifier ses sources de revenus. Les secteurs agricoles, manufacturiers et technologiques, encore sous-exploités, pourraient jouer un rôle crucial dans la transformation économique du pays. Cependant, leur développement nécessitera des politiques publiques cohérentes et des investissements significatifs.
Face à ces défis, Tinubu devra également s’attaquer à des enjeux sociaux pressants, tels que le chômage et l’insécurité, exacerbés par les inégalités économiques. La réussite de son budget dépendra autant de sa capacité à équilibrer les comptes publics que de sa volonté de répondre aux attentes de la population. Dans un contexte marqué par des attentes élevées et des moyens limités, le budget 2025 pourrait devenir un véritable test pour sa présidence.