Les prix du cacao ont atteint des sommets historiques, entraînant une crise dans l’industrie mondiale de la transformation. En 2024, les volumes de broyage ont chuté dans les principales régions de consommation, révélant un secteur sous pression face à des coûts opérationnels exorbitants et une demande morose.
Les chiffres publiés récemment par l’Association européenne du cacao (ECA) indiquent une baisse significative des volumes transformés. En Europe, seulement 331 853 tonnes de fèves ont été broyées au dernier trimestre 2024, marquant le plus faible niveau depuis 2015. Sur l’ensemble de l’année, 1,41 million de tonnes ont été traitées, une baisse marquée pour la deuxième année consécutive. En Asie et en Amérique du Nord, les résultats sont tout aussi alarmants, avec des volumes de broyage respectivement à leur plus bas depuis 2019 et en recul de 1,16 % par rapport à l’année précédente.
Cette crise s’inscrit dans un contexte de flambée des prix du cacao, qui ont dépassé les 10 000 dollars la tonne en décembre 2024, atteignant 11 238 dollars début 2025. Cette envolée, liée à des conditions climatiques défavorables et à une offre limitée, a accru les coûts pour les industriels, déjà confrontés à une demande stagnante en Europe et en Amérique du Nord.
Les analystes prévoient une année 2025 difficile pour l’industrie du chocolat. La fin des contrats à prix bas, sécurisés en début 2024, oblige les industriels à s’adapter aux prix actuels. Certains, comme le groupe Lindt & Sprüngli, ont répercuté ces hausses sur leurs tarifs, réussissant à augmenter leurs recettes de 5,1 % en 2024. Cependant, cette stratégie pourrait limiter davantage l’enthousiasme des consommateurs.
Selon Julia Buech, analyste chez Rabobank, les ventes de chocolat pourraient stagner, voire reculer en Europe en 2025, sous l’effet des augmentations successives des prix de vente. Les entreprises adoptent des stratégies de survie, mais la pression économique affecte directement les choix des ménages, déjà impactés par une inflation généralisée.
« 2025 sera une année très difficile pour l’industrie du chocolat », avertit Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel. Alors que certains grands groupes s’efforcent de maintenir leur rentabilité, les plus petites entreprises pourraient peiner à suivre. Ce bouleversement souligne l’importance de stratégies adaptées pour naviguer dans une conjoncture incertaine et volatile.