Lors d’une interview accordée le mardi 4 février, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré être disposé à engager des négociations directes avec son homologue russe Vladimir Poutine, ainsi qu’avec d’autres dirigeants internationaux, afin de trouver une issue à la guerre qui ravage l’Ukraine depuis près de trois ans. Malgré cette ouverture, le Kremlin a rapidement rejeté ces propos, les qualifiant de “vides de sens”.
Dans son entretien avec le présentateur britannique Piers Morgan, Zelensky a affirmé que bien qu’il considère Poutine comme un “assassin et un terroriste”, il pourrait envisager une rencontre si celle-ci constituait la seule voie possible pour ramener la paix en Ukraine. Il a ainsi laissé entendre que des discussions à quatre, potentiellement avec les États-Unis et l’Union européenne, pourraient être une option. Jusqu’à présent, Kiev s’était montré inflexible sur toute idée de pourparlers directs avec Moscou, mais la situation militaire sur le terrain et le retour possible de Donald Trump à la Maison Blanche semblent avoir poussé Zelensky à reconsidérer certaines options.
En réponse, le Kremlin a rappelé que Zelensky avait lui-même interdit par décret, en octobre 2022, toute négociation avec la Russie tant que Vladimir Poutine serait au pouvoir. Cette décision faisait suite à l’annexion par Moscou de quatre régions ukrainiennes. “Pour parler de négociations, il faut des bases concrètes”, a réagi Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, ajoutant que “la réalité sur le terrain” pourrait inciter Kiev à revoir sa position.
Malgré ces déclarations, la possibilité d’un dialogue reste très incertaine. Moscou et Kiev campent sur des positions diamétralement opposées : Poutine, tout en se disant ouvert à des discussions, refuse de négocier directement avec Zelensky, le qualifiant d'”illégitime”. De son côté, le président ukrainien insiste sur la nécessité de garanties de sécurité occidentales pour son pays avant toute forme d’accord.
La guerre pèse lourdement sur la population ukrainienne, fatiguée par les pertes humaines et territoriales. Selon Emmanuelle Chaze, correspondante à Kiev pour RFI, de plus en plus d’Ukrainiens se montrent favorables à l’idée de discussions, bien que la majorité reste opposée à une rencontre directe avec Vladimir Poutine. La perspective d’une paix négociée soulève ainsi des débats au sein même du pays.
Si l’idée de négociations refait surface, aucun élément concret ne permet encore d’entrevoir un véritable début de dialogue. L’exigence du Kremlin d’une capitulation ukrainienne et du renoncement à toute adhésion à l’OTAN reste un point d’achoppement majeur. De son côté, Zelensky cherche un soutien accru de ses alliés occidentaux pour renforcer sa position. Dans ce contexte, la perspective d’une sortie de crise par la voie diplomatique demeure hautement incertaine.