Le Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (Seca) a annoncé la possibilité d’un nouveau débrayage, mettant en garde le gouvernement sur les conséquences d’une inaction. Lors d’une conférence de presse à Yaoundé, les dirigeants du syndicat ont exprimé leur mécontentement face à la lenteur du gouvernement à répondre aux revendications des enseignants, malgré les engagements pris par le président Paul Biya il y a deux ans. Selon le Seca, l’absence de dialogue et de négociations concrètes avec les autorités pourrait entraîner une paralysie du système éducatif, similaire à la grève de 2023.
Les dirigeants du Seca ont insisté sur le fait que les enseignants camerounais sont de plus en plus frustrés par le manque de prise en compte de leurs attentes. Le principal grief repose sur le non-respect par le gouvernement d’un engagement pris par le chef de l’État : la mise en place d’un dialogue continu entre les syndicats d’enseignants et les autorités. « Le président avait promis un dialogue permanent, mais aucune rencontre n’a eu lieu en 2024 », a déclaré Tousse Jackson, secrétaire général du Seca. Cette situation alimente un sentiment de déception et d’isolement parmi les enseignants, ce qui renforce leur détermination à obtenir des réponses.
Cette menace de grève intervient dans un contexte où les enseignants camerounais continuent de vivre dans des conditions de travail difficiles. Bien que certaines revendications aient été partiellement satisfaites, comme le paiement des rappels des avancements, le Seca dénonce l’absence d’action sur une question centrale : l’adoption d’un statut particulier pour les enseignants. Sans cette réforme, les enseignants estiment rester dans une précarité qui nuit à leur moral et à la qualité de l’éducation. L’absence de ce statut est perçue comme un obstacle majeur à une véritable reconnaissance de leur rôle dans la société.
La possibilité d’une nouvelle grève reste ouverte, avec des leaders syndicaux qui n’ont pas exclu cette option si le gouvernement ne réagit pas rapidement. Ils appellent à une mobilisation collective, en invitant également les parents d’élèves à soutenir leur cause. Le soutien de la population pourrait avoir un impact considérable sur la dynamique de cette lutte. Les enseignants considèrent que le système éducatif ne pourra se redresser que si des mesures concrètes sont prises pour améliorer leurs conditions de travail et leur statut professionnel.
Pour renforcer leur mouvement, les responsables du Seca insistent sur l’importance du soutien des parents d’élèves. Essomba Mbede, membre du syndicat, a souligné que sans l’adoption d’un statut spécial pour les enseignants, le moral des professionnels de l’éducation ne pourrait pas être revitalisé. « Les parents doivent comprendre que leur soutien est crucial. Si l’éducation va mal, tout le système souffre », a-t-il déclaré. Cette mobilisation des parents pourrait donner une nouvelle dimension au combat syndical, qui, selon certains, nécessite désormais un soutien populaire pour parvenir à des résultats tangibles.
La pression sur le gouvernement camerounais est de plus en plus forte. D’un côté, les enseignants expriment leur frustration face à l’inaction des autorités ; de l’autre, les parents d’élèves commencent à se faire entendre, soutenant les revendications des enseignants. Le gouvernement devra répondre à cette pression croissante, sous peine de voir une nouvelle grève affecter l’éducation du pays. La question qui se pose désormais est de savoir si les autorités seront capables de négocier efficacement pour éviter une nouvelle crise dans le secteur éducatif.