Barrick Gold a conclu un accord avec le gouvernement malien, permettant la reprise de ses opérations minières au Mali, au prix de 275 milliards de francs CFA (438 millions de dollars). Cette transaction survient après plusieurs mois de tensions entre l’entreprise canadienne et l’État malien, notamment en raison d’un différend fiscal lié aux impôts et redevances impayés. En échange de ce paiement, Barrick récupérera ses employés détenus et les trois tonnes d’or saisies sur sa mine de Loulo-Gounkoto, la plus importante du pays.
Cet accord intervient après des mois de négociations intenses, marquées par des tensions croissantes entre Barrick et Bamako. En janvier, les autorités maliennes avaient procédé à la saisie de trois tonnes d’or sur la mine de Loulo-Gounkoto. Ce geste, visant à exercer une pression sur la compagnie, a été précédé par un audit des mines d’or du pays, qui a révélé un manque à gagner estimé entre 300 et 600 milliards FCFA. Bien que Barrick ait versé un premier paiement de 50 milliards FCFA en 2024, il demeure flou si cette somme sera déduite du montant total de 275 milliards FCFA, soulevant des questions sur les modalités de règlement de cette dette.
Les tensions entre Barrick Gold et le gouvernement malien trouvent leur origine dans un différend fiscal de longue date. Le Mali accuse la compagnie canadienne de ne pas avoir réglé des impôts et redevances dus sur les produits d’or extraits de ses mines. Ce contentieux a pris une ampleur particulière après la publication d’un audit en 2023, qui a révélé un manque à gagner considérable pour l’État malien. Le gouvernement a donc entamé des négociations avec plusieurs compagnies minières afin de récupérer les sommes dues, et a déjà sécurisé 500 milliards FCFA auprès d’autres entreprises du secteur.
L’accord entre Barrick et le gouvernement malien ne garantit pas la stabilité à long terme des opérations minières dans le pays. Si la reprise des activités est attendue, plusieurs inconnues demeurent quant à la mise en œuvre de cet accord. L’entreprise n’a pas communiqué de prévisions de production pour la mine de Loulo-Gounkoto en 2025, et la reprise des opérations pourrait encore être suspendue en fonction de la mise en place des nouvelles régulations du code minier malien. Le marché, cependant, semble optimiste : l’action Barrick a connu une nette hausse à l’annonce de l’accord, indiquant un soulagement parmi les investisseurs.
Le secteur minier constitue une part importante de l’économie malienne, avec l’or représentant une des principales sources de revenus. La mine de Loulo-Gounkoto, qui produit environ 15 % de l’or extrait par Barrick, est un enjeu stratégique pour le pays. Cette mine est non seulement un facteur clé dans la relation économique entre le Mali et Barrick, mais elle joue également un rôle crucial dans l’équilibre économique national. La résolution de ce conflit pourrait permettre à Bamako de récupérer des recettes fiscales cruciales pour son développement, tout en maintenant des relations avec un investisseur majeur.
Les acteurs locaux, y compris les travailleurs et les communautés environnantes, attendent avec impatience la reprise des activités minières, mais ils restent inquiets des conséquences possibles de ces négociations. Les employés de la mine de Loulo-Gounkoto, notamment ceux détenus en janvier, ont été les premières victimes de cette impasse. Pour eux, l’accord représente un espoir de normalisation, mais les incertitudes entourant l’application des termes de l’accord alimentent la prudence. Le futur de la mine pourrait également influencer la stabilité sociale et économique des zones voisines, où l’or est une ressource précieuse pour les populations locales.