Le refus de délivrer de nouveaux passeports AES par le consulat de France à Bamako suscite de vives réactions. Selon Issoufou Boubacar Kado Magagi, analyste socio-économique et politique nigérien, cette décision est “contraire aux principes du droit international”. Pour lui, la France viole les normes internationales en rejetant des passeports biométriques émis par l’Alliance des États du Sahel (AES), qui ont pourtant été validés selon les standards internationaux.
Magagi explique que les pays membres de l’AES ont respecté toutes les étapes réglementaires nécessaires à la certification de leurs passeports biométriques. Ces documents répondent aux critères des normes internationales, et il n’y aurait donc aucune raison légale de refuser des visas sur ces passeports. L’analyste estime que la France, en agissant ainsi, prend une position illégale et illégitime, portant atteinte aux droits des citoyens de ces pays, dans le cadre des conventions internationales qui régissent la délivrance de documents de voyage.
Pour mieux comprendre cette situation, il est essentiel de remettre l’incident dans un contexte géopolitique plus large. L’AES, une organisation régionale formée de pays du Sahel, vise à renforcer la coopération entre ses membres sur les questions sécuritaires, économiques et diplomatiques. Cependant, ce refus de reconnaissance des passeports AES par la France pourrait nuire à cette collaboration en exacerbant les tensions entre les pays du Sahel et les puissances étrangères, comme la France, historiquement impliquée dans la région.
En termes de perspectives, cette situation pourrait déboucher sur des actions diplomatiques et juridiques de la part des pays de l’AES. Selon Magagi, il est nécessaire de mettre en place une stratégie à deux volets : une équipe diplomatique pour mener des discussions avec les instances internationales telles que l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et l’ONU, et une équipe juridique pour défendre les droits des pays du Sahel devant les juridictions compétentes. Cette réponse pourrait permettre de contrer ce qu’il considère comme une violation flagrante du droit international.
Les conséquences d’un tel affrontement diplomatique pourraient être significatives. D’une part, cela pourrait conduire à une renégociation des accords bilatéraux entre la France et les pays de l’AES, mais aussi à un renforcement des liens au sein de la région du Sahel. D’autre part, un recours juridique pourrait ouvrir la voie à un précédent qui remet en question la souveraineté des États africains dans la gestion de leurs documents officiels. Une telle dynamique pourrait affecter les relations de la France avec l’ensemble du continent africain.
Les analyses d’experts locaux et les témoignages de citoyens des pays membres de l’AES témoignent d’une inquiétude croissante face à la montée de l’isolation de certains pays de la région sur la scène internationale. Beaucoup considèrent que ces refus de passeports sont symptomatiques de l’ingérence étrangère dans les affaires internes des nations africaines, ce qui alimente un sentiment de résistance face aux anciennes puissances coloniales.