Dangote Cement, leader incontesté du marché nigérian du ciment, se trouve confronté à un défi financier majeur pour l’année 2025. Le groupe, dont la valeur boursière domine le Nigeria, devra rembourser l’équivalent de 830 millions de dollars (1 245,2 milliards de nairas). Ce remboursement, qui représente une augmentation de près de 100% par rapport à 2023, inclut des sommes dues à court terme ainsi que les intérêts sur ces prêts, représentant 10,6% de l’encours total.
Bien que Dangote Cement ait enregistré une croissance impressionnante de son chiffre d’affaires en 2024, avec une hausse de 66,4% en nairas, cette performance pourrait ne pas se répéter en 2025. En effet, l’entreprise a été fortement impactée par l’inflation et la dépréciation du naira, deux facteurs qui ont artificiellement gonflé ses revenus en monnaie locale. En dollars, le chiffre d’affaires de Dangote Cement s’est élevé à seulement 2,3 milliards de dollars, un niveau inférieur à celui des années précédentes.
La dette de Dangote Cement est composée de prêts dans plusieurs devises, dont le dollar américain, qui représente plus de la moitié de l’encours total. Cette situation expose l’entreprise à une pression accrue, notamment avec la dépréciation du naira et l’inflation qui grèvent sa capacité à rembourser ses créanciers. Par ailleurs, la baisse des performances des filiales hors du Nigeria et la hausse des coûts d’exploitation, notamment énergétiques et logistiques, pèsent sur ses marges.
Les perspectives pour 2025 restent incertaines. Dangote Cement devra maintenir une croissance du chiffre d’affaires et des résultats d’exploitation supérieure à 60% pour honorer ses obligations. Cependant, cette dynamique semble fragile. Si l’inflation et la dépréciation du naira ont bénéficié au groupe en 2024, ces facteurs pourraient ne pas se répéter l’année suivante, rendant l’objectif difficile à atteindre. Le remboursement de la dette en 2025 dépasse actuellement le résultat d’exploitation de l’entreprise, mettant en lumière la difficulté à générer suffisamment de liquidités pour faire face à cette obligation.
Au-delà des résultats au Nigeria, les pertes des filiales panafricaines continuent d’augmenter. Ces pertes sont passées de 4,7 milliards à 24,7 milliards de nairas, aggravant encore la situation financière du groupe. Les coûts de production, liés notamment à l’énergie et à la logistique, ont également plus que doublé. Dans ce contexte, il est probable que Dangote Cement doive solliciter de nouveau des financements externes en 2025 pour soutenir ses opérations et honorer ses dettes.
Dangote Cement reste un acteur clé de l’économie nigériane, pesant environ 12% de la valeur totale de la Bourse de Lagos. Ce poids dans l’économie attire de nombreux fonds d’investissement internationaux, intéressés par les marchés africains en développement. Les performances du groupe sont donc scrutées de près par les analystes financiers, qui attendent des signes de résilience face aux défis économiques actuels.
L’année 2025 sera cruciale pour Dangote Cement. L’entreprise devra naviguer entre une dette colossale, des performances déclinantes et une économie nigériane fragile. Si elle ne parvient pas à maintenir une croissance solide, elle pourrait se retrouver sous pression, avec des conséquences potentiellement graves pour son avenir à court et moyen terme.