Un décor qui dit tout, en plusieurs tableaux aussi inquiétants, déshonorants, inacceptables, humiliants que troublants et décourageants. Dix tableaux plus explicites et plus représentatifs de nos réalités objectives, que mille discours et tentatives d’explications tronqués.
Entre égoïsme, pauvreté d’esprit, absence de patriotisme, avidité maladroite, obscurantisme, sectarisme, bêtise, incompétence, médiocrité, manque de vision prospective, haine, jalousie et méchanceté, tout y passe, tout est possible pour qualifier un mal qui est devenue une véritable pandémie, dans un pays que le ciel, la terre ainsi que tous les astres et tous les dieux a pourtant fait riche, et gratifié d’un destin à priori exceptionnel.
Premier tableau : la terrible méprise contre GRACE DECCA. Comment comprendre, comment expliquer un tel débordement instrumenté, soutenu et déployé par des compatriotes au sigle bizarre sorti tout droit des inventions haineuses et inutilement vengeresses de notre intelligence ? La pire des surprises, c’est le silence de leaders politiques et d’opinion, qui n’ont trouvé qu’à répéter que ce n’est pas en leur nom. Mais la réalité de chez nous, demeure imparable, et selon elle, les consonances suffisent pour situer la région ainsi que l’appartenance des acteurs. IL vaudrait mieux conseiller aux auteurs de penser leur action politique autrement, de les réorienter vers des actions plus civilisées et moins polarisées sur des individus et des innocents, au lieu de chercher à réfuter leur proximité ou de se taire. Il n’y a rien pour rien, et la colère voire les motivations des auteurs, peut trouver des légitimités compréhensibles et défendables, sur le terrain des frustrations et des perceptions des discriminations et des marginalisations communautaires. Que l’on le veuille ou non, les gars de la BAS, sont presque tous Bamilékés. Il faut assumer. Refuser de le faire c’est être hypocrite, et cela ne ressemble pas à Shanda Tonme. J’ai discuté avec certains au téléphone, qui disaient ne pas supporter que je leur tape dessus, et à chaque fois, des larmes de l’autre côté, et un discours à vous couper le cœur : « Grand frère, tout dans ce pays est fait contre nous, alors que nous sommes tous Camerounais. On nous déteste de partout et tout le monde. Regarde ceci, regarde cela, regarde l’armée, la police, la magistrature, la fonction publique en général. On n’est nulle part vraiment ». Vrai ou faux, ils vivent le syndrome historique et contemporain de Lamberton, ce colonel français qui avait traité les bamilékés de caillou dans la chaussure du Cameroun.
Cette histoire justifie-t-elle les excès de violences aveugles, au point de s’en prendre à Grace, la grande, douce, religieuse et cosmopolite Grace ? Ne cache-t-on pas à travers de telles violences, des échecs personnels, des jalousies et des dysfonctionnements mentaux ? Non, rien ne saurait justifier la violence qui casse les ambassades et brûle notre drapeau. Ce drapeau est unique et sacré, c’est notre sang, notre chair, notre âme et notre esprit. Nganang le sait, tout comme Mbembe, Monga et tous les autres, tout comme moi-même le savons, parce que nous n’avons pas un autre, même tourmentés par une nationalité étrangère.
Deuxième tableau : Notre sœur, maman et élu du peuple, la sénatrice Régina MUNDI, toujours maintenue en captivité, menacée d’être exécutée. Comment comprendre, fuir, refuser l’évidence d’une crise, une guerre même, et ses conséquences ? Des milliers d’enfants perdus à jamais, des vies et des familles foutues en l’air, des centaines d’école et des champs perdus. A Yaoundé, Douala, Bafoussam, des familles d’anglophones ont de dix à vingt personnes entassées dans des espaces en enclos de bêtes, et vivent le martyr de réfugiés dans leur propre pays. Qu’en pensons-nous, et que disons-nous des causes et des solutions ? Que pensent les parents des innocents écoliers de Kumba, assassinés sur les bancs ?
Dialogue, d’accord, mais sommes-nous tous d’accord sur les causes, avant de nous parler pour les solutions ? Mes larmes coulent de temps à autre, quand devant un jeune compatriote du sud-ouest ou du nord-ouest, j’entends dire qu’il n’a plus aucun papier, que tout a été incendié ou abandonné dans un village où il ne peut plus mettre les pieds, à cause de la guerre. En conséquence, il ne peut pas se faire établir une CNI. Combien sommes-nous, à reconnaître que le référendum de 1972, fut une grave erreur, une erreur fatale dont nous payons aujourd’hui le prix fort. Certes, nous avons pu bâtir un Etat, et jouit d’une relative stabilité, mais voici la facture amère qui nous dément et nous interpelle. Il faut faire vite, revoir la copie, ne pas trembler devant les bouleversements. Je parle ma conscience, pour maintenant et pour la postérité, et afin que je sois lavé de tout soupçon d’intellectuel qui savait mais qui se taisait. Il n’y a aucun doute que le Président Ahidjo avait profondément aimé son pays, et qu’il n’avait rien fait volontairement en mal. Il voulait et croyait bien faire. J’affirme également, et je peux aligner mille preuves, que le Président Biya aime profondément son pays, et qu’il n’a jamais rien fait volontairement, pour le contraire. Mais aujourd’hui, ce qui nous interpelle, est trop fort, très urgent et capital pour notre destin en tant que nation unie aspirant à rassembler ses fils et filles dans un même élan d’espoir et de rêve.
Soyons courageux et reconnaissons la faute. Pardonnons-nous, et changeons, pour engager alors, un vrai dialogue en ayant balisé les chemins et rassuré les esprits. Une crise identitaire ne finit jamais, et une faute historique non reconnue ne se répare jamais. Le fédéralisme s’impose, avec urgence. C’est ma conviction, et je n’accepterai plus jamais rien de moins que cela. La réalité n’est plus à cacher, celle selon laquelle, une majorité de nos compatriotes du NOSO, ne sont pas ou plus à l’aise dans notre espace national avec sa configuration, sa structuration institutionnelle et son organisation systémique actuel. Ils attendent et espèrent autre chose, en restant Camerounais et fermement Camerounais. On ne naît pas bandit, révolté, contestataire ou révolutionnaire, on le devient, et c’est toujours la faute des systèmes mal pensés ou mal agencé.
Troisième tableau : L’affaire SODECOTON. Malheur à celui qui tire le premier au Cameroun, dans un système où nous avons dorénavant tout fait à l’envers, et où presque chacun dispose de cadavres dans ses placards, provenant des attentats contre l’unité et l’intégration nationales. C’est comme si on avait attaqué une ruche remplie de millions d’abeilles, et à tel point qu’il a fallu solliciter un temps mort, puis siffler la fin d’un match qui fait aux supposés arbitres. La presse est sortie de sa réserve, et la comptabilité des postes par-ci et par-là, a révélé les profondeurs de discriminations impensables, inacceptables et honteuses dans un pays vanté pour sa diversité. Et on a donc découvert, que la diversité a été changée et transformée en une pièce compacte formatée sur des aires villageoises. Effrayant tout ça non ? Que faire dans ce cas ? Tuer son pays, le noyer, le vilipender à l’étranger, semer le terrorisme, les trustions et la violence ? Non, non, et non. Un pays ne meurt et le Cameroun ne mourra point. Ce sont les habitants qui meurent, qui s’en vont, qui passent. Le pays reste, unité nationale ou pas.
Troisième tableau : EYEBE AYISSI HENRI, Ministre de la terre et des troubles fonciers. On annule tout, à la tête du client, selon les origines tribales, même les concessions déjà viabilisées et exploitées avec des unités industrielles.
Le cas d’ASSOK, un Etat dans l’Etat, est emblématique. Là-bas, une grande dame, haut commis de l’Etat, avocate général à la cour suprême, dame ESSEMENE Régine, est arrivée un matin, a rassemblé ses frères et ses sœurs, ramassé d’autres ailleurs, pour chasser les Bamilékés. Elle a fait envahir les usines, enlevé les portes des maisons, installé de nouvelles personnes, spolié des biens, jeté plus de trois cent personnes dans la rue, et tué des investissements de plusieurs milliards. Les pauvres Bamilékés, qui avaient amené les routes, l’eau et l’électricité au village, développé le coin, donné plus d’un milliard en argent liquide à la dame et à ses frères (documents à l’appui), se sont plaints partout, du sous-préfet jusqu’à la présidence, mais ils n’ont pas été sauvés, et justice ne leur a jamais été rendu. Mieux, des individus pris en flagrant délit de vol dans les usines, ont été appréhendés, mais ordre a été donné à la police et à la gendarmerie de les élargir, et ils sont rentrés au village continuer à vandaliser, à voler, à piller les biens d’autrui. Les juges rencontrés, déclarent ouvertement être sous influence et avoir peur. Préfet et sous-préfet se disent impuissants. Alors qui gouverne ?
La pire des souffrances, c’est pour les compatriotes anglophones qui ayant fui la guerre et tout perdu dans le NOSO, sont venus s’installer à Assok, ont commencé une activité, et un jour, ils sont à nouveau sans toit et sans espoir, parce que des intrus conduits par cette femme, sont venus les chasser, brutaliser épouses et enfants. Où est l’unité nationale pour eux ?
Le problème va plus loin, et commence chez le ministre des domaines, qui annule les titres fonciers des Bamilékés à tout vent, et ratisse partout les terrains pour immatriculer au nom de ses enfants, de son épouse, de ses amis et petits copains. Et personne ne dit rien. Au tribunal administratif, trône son frère du village, qui obéit à ses ordres, et à deux, ils font rage, annulent par ici, arrachent par-là, et redonne à qui ils veulent. Penser à l’unité nationale dans ce cas, comment ? Les diasporas ont perdu tout espoir de s’offrir un terrain sécurisé, parce que les lois ne sont pas respectées, et que le ministre est le premier charcutier et semeur de troubles dans le foncier. Une fois sa famille, ses enfants et ses copains servis, il s’en fous.
L’impunité est totale. Non loin de la présidence de la république, un faussaire notoire a fabriqué un titre foncier de toute pièce, sur le boulevard qui mène au palais, au grand carrefour de l’école publique, au détriment du vrai titre d’un jeune ingénieur qui ambitionnait de construire un immeuble avant la CAN. On tourne, on ne l’arrête pas, mieux, on le cajole, parce que le vrai propriétaire est bamiléké. Ouvrez la bouche, et on vous demandera combien de bétis ont un titre foncier à l’ouest. Ce sont nos réalités de l’unité nationale. Allez dire ! La rengaine est la même : on vend le terrain, on fête avec un bœuf et du vin, on dépense tout l’argent, et un matin, on revient à la charge avec une procédure, abusivement, et le juge leur donne raison, et le ministre annule le titre foncier. Il faut même avoir la chance, pour ne pas se retrouver en prison, perdant et son argent, et le terrain, et ses affaires et sa liberté. C’est notre pays et c’est tout.
Quatrième tableau : Samuel Eto’o fils et la FECAFOOT. On sort les canons de partout, et ça commence à devenir pire que les sanctions contre la Russie. Tous les diables se sont levés pour coaliser contre lui, au nom de ce que, ce serait une affaire de bassas. Voilà la seule faute mise à son actif, et des prières sont organisées pour souhaiter son échec. A qui profite ce genre de crime ? Pour qui travaille ces gens qui chaque jour, monte une nouvelle histoire contre notre compatriote si admiré et respecté à l’étranger, partout. L’unité nationale, c’est quoi dans ce cas, vraiment ? On cherche une explication rationnelle mais jamais on ne trouve. On veut se dire que nous sommes tous du même pays, de la même nation, mais ça coince trop vite, souvent sur presque rien du tout comme affaire ou comme situation. J’en viens à me demander, s’il ne faut pas mourir pour ressusciter dans vingt ans et voir ce que le pays est devenu, comment le pays s’en est sorti.
Cinquième tableau : Guibai Gatama et l’obsession du pouvoir du nord. Effrayant ce compatriote, avec son discours va-t’en guerre. La liberté de ton et les éléments de langage de ce compatriote que j’admire malgré tout, impressionnent et inquiètent à la fois. Partout il lit la discrimination contre le grand nord, et partout, il prêche et exige le retour du pouvoir chez lui au nord, aux nordistes pour être péjoratif. Le gars ne sait rien et ne veut rien entendre de l’unité nationale, si ce n’est pas pour plaire, enrichir, agrémenter, satisfaire et faire briller le nord. Mais voilà, cette grande région, a eu la chance d’avoir le premier président du pays, le tout premier, premier ministre du renouveau, le plus long régnant président de l’assemblée nationale, des ministres à la pelle et à tous les postes stratégiques du pays. Et aujourd’hui, la grande région est couverte d’institutions universitaires de hautes factures, avec certaines écoles qui n’existent que là-bas, à l’instar de l’école des mines et l’école de la médecine vétérinaire. Est-ce la faute de Paul Biya si vous n’aimez pas être médecins et pharmaciens ?
De quoi se plaint-il vraiment et tant ? Où aurait-il découvert gravé que le pouvoir c’est pour sa famille ? Et puis, ce pouvoir c’est quoi finalement ? Chaque jour, des centaines de jeunes descendent du nord pour le sud, pour se chercher, abandonnant souvent femmes et enfants au village. Ils sont exploités et surexploités, humiliés et brimés. Aucune élite du nord ne les regarde, ne s’en préoccupe, surtout pas Guibai. C’est là le vrai problème. Le grand nord n’a aucune raison de sa plaindre. Le destin et les dieux lui ont tout donné, mais les élites n’y ont presque rien foutu. Tous les auteurs et acteurs du mémorandum du Grand nord, sont devenus ministres, et c’est cela leur limite. Et puis, il ne faut plus parler de la région, comme si elle était dépravée de grands cadres. Au contraire, elle dispose de cadres de valeur, mais hélas, qui ne pensent pas réellement à autre chose, qu’à l’administration publique, avec un rêve qui se limite à vivre et à mourir comme fonctionnaire. L’unité nationale ce n’est pas le partage du poste de président, et le poste de président, n’est pas le bijou magique de survie du grand nord. Mon cher Guibai est-il allé regarder la direction générale des impôts ? La quasi-totalité des responsables dans les grandes villes est du grand nord, et presqu’aucun Bamiléké ni Bassa ni Sawa. Parlons-en. C’est toujours cela l’unité nationale ? Et pour l’assemblée nationale, c’est plus grave. Le président n’a pas seulement fait de l’institution son champ de manioc, il a aussi colonisé entre temps l’ENAM, l’école de police, l’école de gendarmerie, l’EMIA, où les siens ont été intégrés et « formés » au forceps. Parlons-en. Bon, c’est la rançon de sa fidélité.
Non, il faut arrêter ce discours dangereux et ces prétentions qui me rappellent les artisans d’un autre discours similaire sur « le tour des Bamilékés ». Et le tour des Mbamois, des Sawa, des Bassas, des Bamenda et autres, ce sera quand et au nom de quelle logique de gouvernance et de développement ?
Sixième tableau : Paul BIYA, Chef de l’Etat, Président de la République. Où est le problème ? D’accord, nous ne sommes pas au top niveau en ce qui concerne le développement de nombreuses infrastructures essentielles. Certes, il n’est pas, et il n’a jamais eu la prétention d’être le meilleur président et chef de l’Etat possible. Mais, pour tous et chacun, il y a un minimum d’honnêteté qu’il faudrait avoir à son égard. D’abord, il n’est pas arrivé au pouvoir par la force, ni par la guerre, ni par des intrigues de factions ou ethniques, ni par la main de quelques puissances étrangères. L’intellectuel un peu timide qui rentre au Cameroun après des études fructueuses en France, a eu une carrière tranquille que tous ses promotionnaires et camarades d’âge reconnaissent. IL n’était pourtant pas le plus fort, ni le plus beau ni le plus riche, ni le plus intelligent autour du premier président de notre pays, mais Hamadou Ahidjo l’a choisi et l’a préféré pour sa loyauté, son calme, son honnêteté, sa serviabilité, son écoute, son obéissance et sa disponibilité, sa fidélité. Tous les anciens sont entièrement et totalement unanimes sur ce point. Tous ses anciens proches collaborateurs le dépeignent dans ce caractère exceptionnellement rare chez nous. Commençons pas accepter l’évidence et nous ranger à l’évidence, et ce sera tant mieux pour l’unité nationale. Si les Bulus sont majoritaires en prison, victimes de l’opération Epervier, c’est justement parce que le président prend très mal et ne tolère pas, que la trahison vienne aussi ou d’abord de ceux qu’il croyait, et se disent plus proches par les liens de village. C’est tout à son honneur. Un doctorant de l’ESTIC lui avait consacré une thèse sur « le temps du président ». Raillé et mal comprise à l’époque, nous comprenons mieux aujourd’hui la pertinence et la dextérité de la démarche, son apport scientifique dans les tentatives de maîtrise d’un style d’action, d’organisation et de réalisation à la fois personnelle, politique, éthique et politique, avec ses potentiels aléas certes.
De là, une leçon politique et une sagesse importantes. L’unité nationale se construit et se valorise aussi dans le respect honnête et responsable, du destin de chacun de nous, du respect du destin de chaque composante de la population camerounaise pour ce qu’elle sait, veut, peut, voudrait et pourrait faire. A trop se focaliser sur la personne du président de la république, on soulève des abeilles, et on ne gère plus ni bilan ni perspectives. Lorsque j’ai créé le MPDR, après avoir longuement réfléchi et consulté, ça s’est mis à tirer de partout dans la communauté Bamiléké : on a trahi, on a vendu, on a tué quelqu’un, on a gâté le village, on a pris l’argent. Et ce discours était entendu de personnes que je croyais bien assis et bien faits dans leur tête. Les plus courageux ont osé aller plus loin : On veut renverser Paul Biya, et toi tu le soutien, c’est même quoi avec toi comme ça ? Tu as changé, tu as mangé, tu veux entrer au gouvernement. Des pauvres d’esprit donc certains ont encore été plus courageux de revenir des mois plus tard, pour un rétropédalage. Leur drame, être incapables d’appréhender Paul Biya, d’accepter sa personne, de tolérer et de pardonner son caractère et ses défaillances comme tout être humain, de supporter ou de s’accommoder au destin d’une frange ethnique de la population, qui a produit un président de la République. D’autres vont plus loin, et assassinent simplement tous les Bulus, comme si un clan, une communauté, une tribu, véhiculait tous les problèmes du pays, comme si le pouvoir avait été remis par Ahidjo à une tribu et non à un homme, à un précieux collaborateur loyal et intègre.
A de nombreuses occasions, j’ai demandé de respecter la personne du président, et de savoir faire la part des choses. Je le redis, j’insiste et je le réitère, et ce n’est que justice pour un homme à qui on n’attribuait aucun dossier sale durant ses années de serviteur loyal. Le vrai concours, il l’a passé dans le travail et par le travail, et personne mieux que le conservateur Ahidjo, très attaché à la probité morale et au sens aigu de l’Etat, n’était mieux placer pour juger. Que se taisent donc les jalousies de certains anciens, mais aussi de quelques politicards ignorant de l’histoire et des choses politiques, qui trompent les jeunes et instrumentent des errements et des haines gratuites, dangereuses et ruineuses pour eux-mêmes en premier.
QUE FAIRE ?
Extirper le mal, guérir et avancer vers l’unité nationale
C’est tout le concept même d’unité nationale qui n’a pas sa place, parce qu’elle ne renvoi à rien de précis, ni à aucune urgence exigeant une homogénéité complète, totale et obligatoire. C’est un concept de temps de crise, de conflit et de guerre quand les intérêts nationaux sont en danger et menacés d’être compromis, violés, attaqués et spoliés. Mais s’il s’agit de réaliser une identité nationale ou de vérifier sa teneur, son standing, sa matérialité et son effectivité, alors, il y a lieu de prêcher préalablement, une culture de responsabilité et de réalisation personnelle en tant que citoyen d’une nation. Le tribalisme procède du sectarisme et de l’obscurantisme primaire, dont la première fonctionnalité est la bêtise et le sous-développement mental puis la pauvreté, pauvreté dans tous les sens du terme. Quand un haut responsable fait des nominations et aligne la fratrie du village, il représente un danger qui s’ignore parfois, et il sème une merde dont il se rend à peine compte des implications pour l’équilibre général du pays. Ce genre de responsable, ne comprendra jamais les mille et une explication sur les ambazoniens, sur la BAS, sur les Boko Haram, sur les enfants palestiniens de Gaza. C’est un âne sans crâne ni cerveau. L’inverse est vrai, quand on procède à des simulations entre les groupes Médias de Belinga et de Tchounkeu. Tous des extrêmes, et chacun tient une corde, croit servir une cause, mais avec pourtant des agendas cachés, des bras qu’on ne voit jamais, et un même pays qu’on martyrise du matin au soir, sept jours sur sept. Comment en arrive-t-on, à s’acharner sur un pays et sur des gens du matin au soir, ne traitant ou n’évoquant que ce qui ne va pas, ce qui souille, ce qui est choquant et vexant ? Pourquoi ces médias ? La liberté de la presse est-elle arrivée pour détruire le pays, pour empêcher un sentiment national collectif, pour diviser à jamais les Compatriotes ?
Nous devons en sortir et vite, parce que nous n’avons pas le droit de conduire le pays droit sur le mur où il va se fracasser et durement, à nos dépends à tous, et pour la désolation de plusieurs générations. Il faut dépasser l’âge des villages pour embrasser l’âge de la république, et la responsabilité des médias est cruciale. Ne jouez plus ! ne jouez plus !
UN seul mot, le dialogue, mais dans la vérité et inclusivement.
Facile, mais complexe et difficile, compliqué et délicat, sensible et risqué. Pourtant, c’est à cela que nous sommes, tous condamnés. La société du pardon peut être construite, et c’est vrai, en ayant auparavant liquidé et vidé les contentieux à l’instar des CAN, des COVID, des PORJETS EN ELEPHANTS BLANCS, des LIGNES 94 et bien d’autres à l’instar des privatisations à problèmes, ainsi que de certains milliards partis en fumée. IL faudra savoir et présenter les coupables, pour enfin apaiser les cœurs et avancer sans autres cadavres dans les placards. La quête, la réalisation et la démonstration de cette unité nationale, c’est aussi une épreuve de justice, de transparence sur les bilans et sur les fortunes. Vous ne pouvez pas vous être enrichi sur le dos de l’Etat, et vous retrouver encore aux premiers rangs des critiques et des financiers du désordre, des souhaits de renversement du président par la violence. Chacun doit faire son mea-culpa et vite, et ce sera salutaire, et nous pourrons reparler enfin et vraiment, du vivre ensemble, de l’unité nationale, car de l’extrême richesse et de l’insolente aisance des-uns face à l’extrême pauvreté et l’insupportable misère des autres, jaillissent les frustrations et les récriminations qui se transforment en revendications politiques, et font coincer la quête de l’unité nationale.
Voilà qui nous ramène vite à une autre réalité, un chapelet de déviances et de défis, où l’on assiste à des nominations et des permutations tous les jours dans certains départements ministériels. Le MINDCAF est champion à ce jeu. Le matin on nomme, et l’après-midi on dégomme, de balayeur à chef de service, de délégué départemental à délégué régional, de directeur à conseiller technique et inspecteur. Jamais on n’avait vu cela. Les pouvoirs du chef de l’Etat et du premier ministre sont bafoués, plus de visas et de contrôle. Chaque ministre frustre ses collaborateurs et des professionnels confirmés, au profit du village, mais alors quel village ? Un maître d’école ou d’éducation physique est nommé à la place d’un ingénieur, une secrétaire avec le CAP devient sous-directeur, et ça bavarde de partout, et les victimes maudissent le pays, et les auteurs et profiteurs prétendent travailler pour le chef de l’Etat qu’ils salissent en réalité et exposent à la vindicte. Non, arrêtez, arrêtons.
Pourtant, il ne faut pas baisser les bras, il faut continuer à éduquer, à dénoncer et à exposer ceux qui jouent avec le feu, en prétextant travailler pour le président. Cette unité nationale tant recherchée et chantée, ne viendra pas des voix compromises, elle sera l’œuvre des voix honnêtes et désintéressées sorties des basfonds, et le Cameroun se redressera et se dressera comme un jeune roseau qui a résisté à tous les vents haineux et contradictoires. Quand on a atteint et dépassé 60 ans, et que l’on regarde ces millions d’enfants à marcher sur les trottoirs à la sortie des classes, on écrase une larme en pensant à tous nos travers, toutes nos fautes présentes, toutes nos tricheries, tous ces faux docteurs et tous ces hauts fonctionnaires corrompus qui sont prêts à sacrifier jusqu’aux sépultures de nos valeureux martyrs et les lauriers de nos glorieux artistes et représentants, pour bâtir des résidences infâmes, pour alimenter des comptes par-ci et par-là, pour jouir tout court.
Ne pleurons pas, réfléchissons et travaillons, mettons-nous débout et avançons en corrigeant autant que possible. Personne ne viendra construire notre pays à notre place, et personne ne viendra nous enseigner à réaliser l’unité nationale, parce que personne non plus ne nous enseigne à faire des enfants et à être Camerounais.
Il y a dans la quête de l’unité nationale, une exigence spirituelle qui transcende le corps simple et les agapes matérielles, une exigence qui interpelle préalablement la construction de l’unité de la cellule familiale, une sorte d’harmonie avec tout notre environnement partout où nous nous trouvons, vivons et travaillons. Voyons, les problèmes fonciers, et on découvre que c’est loin d’une affaire d’ethnie, parce qu’au-delà des grandes métropoles urbaines, ça discute partout dans les villages aux quatre coins du pays. Les préfets et sous-préfets ne travaillent plus que pour cela, et en ont fait un moyen plus rapide de s’enrichir. Allez demander à madame la Sous-préfet de Mengang, dans le Nyong et Mfoumou, combien elle a déjà gagné avec les problèmes fonciers, si ce n’est pas plusieurs millions. Allez à l’ouest, où les élites se bouffent, et à l’occasion font disparaître des villages entiers en écrasant les pauvres villageois sans défense, avec l’avant des préfets et sous-préfets complice pour l’argent.
Le chemin est long, tortueux et glissant, mais le Cameroun est béni des dieux et restera débout, dans une harmonie anthropologique, morale et spirituelle que personne ne viendra rompre ni de l’extérieur ni de l’intérieur. A chacun son devoir, son rêve et ses responsabilités devant l’appel à l’unissons, le dialogue, la réconciliation et la paix. Du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, un même sort, une même responsabilité, une même nation, un même système. Les mémorandums ne servent à rien, et bien des plaintes procèdent de la pure hypocrisie, quand ce n’est pas de l’ignorance, de la mauvaise foi ou de la provocation voire la méchanceté gratuite. Le Bulu est-il mieux ou profite-t-il vraiment du système plus que les autres ? La réponse la plus objective est non trois fois. Le Sawa serait-il si mal loti que le Bamenda ? Non trois fois. Et nous pouvons multiplier les interrogations. Nous sommes un système, dans lequel chaque citoyen essaye de frayer son chemin, selon nos lois et nos travers, souvent durement, mais il faut persister, insister et tenir. Ceux qui crient de l’étranger, se trompent et sont tout simplement perdus et hors sujet. L’unité, c’est le travail, le vivre ensemble et la construction ensemble, dans un effort et un élan collectif. Laissez les tribus tranquilles et travaillons pour avancer. Et si vous ne faites que vous plaindre, alors c’est vous le vrai problème. Vaste chantier, et vérités de tous les cieux comme de tous les instants et de tous les contextes.
VIVE L’ESPOIR./.
SHANDA TONME