Face à l’aggravation de la crise sécuritaire et humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le Conseil de sécurité de l’ONU a réaffirmé jeudi 27 mars sa volonté de parvenir à une solution politique, un mois après avoir adopté la résolution 2773 réclamant un cessez-le-feu immédiat et le retrait des forces rwandaises. Réunis à New York, les membres du Conseil ont pris acte du dernier rapport alarmant de la cheffe de la Monusco, tout en appelant à un sursaut diplomatique pour enrayer l’escalade.
L’envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies a dressé un tableau préoccupant : depuis un mois, les rebelles du M23, appuyés par l’Alliance Fleuve Congo, ont conquis de vastes zones dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Elle a également mis en garde contre une possible extension du conflit vers les régions du Maniema et de la Tshopo. Sur le plan humanitaire, l’accès aux populations devient de plus en plus difficile, notamment à cause de l’effondrement du système bancaire local et des infrastructures défaillantes, aggravé par la fermeture des aéroports de Goma et Kavumu.
Cette réunion intervient dans un climat tendu entre Kigali et Kinshasa, marqué par des accusations mutuelles. À la tribune de l’ONU, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a nié toute implication militaire directe du Rwanda dans le conflit, tout en défendant le déploiement de troupes à la frontière pour, selon lui, faire face aux menaces provenant de groupes armés opérant depuis l’est congolais. Il a aussi vivement critiqué la Monusco, l’accusant de partialité et d’inefficacité.
Le contexte actuel s’inscrit dans une longue série de tensions régionales. Depuis le retour en force du M23 en 2022, appuyé selon Kinshasa par Kigali, les efforts diplomatiques se sont multipliés sans réussir à désamorcer la crise. La Monusco, dont le mandat touche à sa fin d’ici fin 2024, se retrouve aujourd’hui fragilisée sur le terrain, tout en étant confrontée à un regain de défiance de plusieurs acteurs régionaux.
Malgré ces tensions, les membres du Conseil de sécurité, ainsi que les représentants de la RDC, de l’Angola et du Burundi, ont unanimement appelé à un règlement politique du conflit. Mais les perspectives de médiation restent floues, alors que la méfiance entre les protagonistes régionaux persiste, et que les mouvements armés poursuivent leur progression.
L’avenir de la mission onusienne en RDC, déjà affaiblie par des critiques récurrentes, pourrait dépendre de sa capacité à favoriser un dialogue régional efficace. Mais la rhétorique offensive du Rwanda à l’ONU illustre les obstacles à surmonter. La Monusco appelle à la réouverture des aéroports pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, condition indispensable pour soulager une population prise au piège d’un conflit sans issue visible à court terme.