Le 15 avril 2025, la France a réagi à l’expulsion de douze diplomates français par l’Algérie en annonçant l’expulsion, à son tour, de douze agents du réseau consulaire et diplomatique algérien. Cette décision survient moins de 24 heures après une mesure similaire de l’Algérie, marquant une nouvelle dégradation des relations bilatérales entre les deux pays. Parallèlement, le président français Emmanuel Macron a ordonné le rappel de l’ambassadeur français à Alger pour consultations, soulignant la gravité de la situation.
Les autorités françaises ont précisé que l’expulsion des diplomates algériens est une réponse « symétrique » aux actions d’Alger, qu’elles jugent responsables de la détérioration brutale des relations. Dans son communiqué, l’Élysée a exprimé sa consternation face à cette situation, évoquant la volonté de maintenir un dialogue constructif avec l’Algérie, malgré cette nouvelle rupture. Cette décision survient après un appel téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, visant à relancer les discussions bilatérales.
Ce nouvel épisode dans la crise diplomatique entre les deux nations n’est pas un fait isolé. La détérioration des relations franco-algériennes a débuté il y a environ huit mois, suite à la position de la France sur le Sahara occidental. Lorsque Macron a exprimé son soutien au plan d’autonomie marocain, Alger, fermement opposé à cette idée, avait rappelé son ambassadeur à Paris. Mais ce n’était pas le seul point de friction. Récemment, plusieurs influenceurs d’origine algérienne ont été arrêtés en France pour apologie de la violence sur les réseaux sociaux, ajoutant un nouvel élément de tension.
La question de la coopération migratoire a également pesé sur les relations. Le refus par Alger d’accueillir ses ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF) a compliqué davantage les échanges. De plus, l’arrestation en novembre dernier de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, puis sa condamnation à cinq ans de prison en Algérie, a ravivé les tensions, Paris ayant maintenu sa demande de libération du dissident.
Un autre facteur important dans l’aggravation des relations est l’affaire de l’enlèvement de l’opposant algérien Amir Boukhors, survenu en France il y a un an. Le 11 avril dernier, trois ressortissants algériens, dont un employé consulaire, ont été mis en examen pour leur implication dans cette affaire, qui inclut des accusations d’enlèvement, de séquestration et de liens avec des groupes terroristes. En réponse, le ministère algérien des Affaires étrangères a vivement critiqué les accusations françaises, qualifiant les arguments du ministère français de l’Intérieur de « farfelus » et dénonçant une « cabale judiciaire inadmissible ».
Cet incident a exacerbé les tensions et renforcé l’impression d’une volonté algérienne de défier la France sur la scène internationale, avec une posture plus affirmée. Le ministère français, de son côté, n’a pas tardé à réagir, réaffirmant sa volonté de défendre ses intérêts, notamment en matière de sécurité nationale et de coopération migratoire.
L’escalade actuelle pourrait avoir des répercussions importantes sur les relations entre les deux pays dans un avenir proche. Les autorités françaises ont clairement exprimé leur intention de maintenir un dialogue avec l’Algérie, mais à condition que celui-ci ne soit pas « à sens unique ». Cette position pourrait marquer un tournant dans les négociations sur des questions essentielles comme la migration et la sécurité, domaines dans lesquels les deux pays ont des intérêts communs, mais aussi de profondes divergences.
Il reste à voir comment ces tensions influenceront les politiques intérieures des deux pays. En Algérie, le soutien populaire envers une position plus ferme vis-à-vis de la France pourrait se renforcer, tandis qu’en France, les enjeux politiques et sécuritaires, notamment en ce qui concerne la gestion des flux migratoires, continueront d’alimenter le débat public.
Les relations franco-algériennes ont toujours été marquées par une histoire complexe, faite de coopération mais aussi de tensions liées à la colonisation et aux questions de mémoire. Les récents développements ne font qu’ajouter un nouveau chapitre à cette relation tumultueuse, où les intérêts nationaux et les héritages historiques se croisent inévitablement. Il est difficile de prédire une issue rapide à cette impasse, mais ce qui est certain, c’est que les deux nations, malgré leurs divergences, ont encore beaucoup à gagner d’une normalisation, notamment dans les domaines économiques et sécuritaires.