Le 22 avril 2025, le tribunal de première instance d’Abidjan a pris une décision qui fait déjà couler beaucoup d’encre. Le juge a ordonné la radiation de l’opposant Tidjane Thiam de la liste électorale, un coup dur pour l’homme politique à quelques mois de la présidentielle du 25 octobre 2025. Cette décision repose sur l’argument selon lequel Tidjane Thiam n’était plus Ivoirien au moment de son inscription sur les listes en 2022, ayant acquis la nationalité française.
Le tribunal s’appuie sur l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne, stipulant qu’un Ivoirien majeur perd sa nationalité s’il en acquiert une autre de manière volontaire après quinze ans. Tidjane Thiam, qui a acquis la nationalité française, serait donc, selon le jugement, devenu inéligible pour figurer sur la liste électorale. Une décision qui, pour ses avocats, soulève une question de fond : Thiam, né Français, ne pouvait pas être soumis à cette règle. Ses représentants ont fourni des documents administratifs pour prouver qu’il serait binational dès sa naissance, argument que le tribunal n’a pas retenu.
Le cas de Tidjane Thiam s’inscrit dans un contexte politique complexe où des opposants au pouvoir contestent souvent les décisions de la Commission électorale indépendante (CEI). Ce contentieux a vu le jour après qu’un électeur ait saisi la CEI pour demander la radiation de Thiam, estimant qu’il ne remplissait plus les conditions de nationalité ivoirienne. Bien que la CEI ait rejeté cette demande, c’est finalement le tribunal qui a tranché en faveur de la radiation. Ce jugement suscite de nombreuses interrogations, notamment sur les implications juridiques concernant la double nationalité et la participation d’un candidat à l’élection présidentielle.
La décision soulève également des incertitudes quant à l’avenir de Tidjane Thiam dans la course à la présidence. Bien que l’opposant ait récemment renoncé à sa nationalité française pour se conformer aux exigences légales, la question de son statut civil demeure floue. Ce retournement ajoute à la complexité de sa situation, laissant planer un doute sur sa réinscription future sur la liste électorale, d’autant plus qu’aucun recours supplémentaire n’est possible à ce stade. Le flou juridique entourant son état civique pourrait bien compliquer davantage ses ambitions politiques.
Face à cette situation, Tidjane Thiam n’a pas tardé à réagir. Il dénonce un « déni de justice » et appelle à un dialogue inclusif pour garantir que l’élection présidentielle d’octobre se déroule dans le respect des normes internationales. Son appel à des pourparlers pourrait être un élément clé pour apaiser les tensions croissantes, en particulier dans un climat électoral déjà tendu. Thiam plaide pour que personne ne soit exclu du processus électoral et que la transparence et l’équité prévalent dans l’organisation du scrutin.
La décision judiciaire a des répercussions profondes sur la politique ivoirienne, non seulement pour Tidjane Thiam mais aussi pour l’ensemble du processus électoral. En attendant la réponse des différentes parties prenantes et l’évolution de cette affaire, la question reste ouverte : cette radiation est-elle une tentative de manipulation politique ou une application légitime de la loi ? Le temps nous dira si ce litige aura des conséquences durables sur l’issue de la présidentielle à venir.