Le vice-Premier ministre belge et ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, est en tournée en Afrique centrale. Après une escale à Kampala, en Ouganda, il a visité le Burundi le 27 avril 2025, marquant la première visite d’un ministre belge des Affaires étrangères dans ce pays depuis plus de dix ans. Cette tournée a pour objectif de renforcer la coopération au développement, d’approfondir le dialogue politique et de renforcer la sécurité régionale. À Bujumbura, Prévot a rencontré le président burundais Évariste Ndayishimiye, avec qui il a évoqué les priorités du pays dans le cadre de sa stratégie de développement pour les prochaines décennies.
Lors de sa visite à Bujumbura, Maxime Prévot a souligné l’importance de soutenir les ambitions du Burundi, en particulier son objectif de devenir un pays émergent d’ici 2040 et un pays développé d’ici 2060. Les discussions ont permis d’évaluer le programme de coopération bilatérale entre la Belgique et le Burundi pour la période 2024-2028. Ce programme couvre plusieurs domaines clés tels que l’agriculture, la santé et l’éducation. La Belgique a également exprimé son soutien à la préparation de la présidence du Burundi à l’Union africaine. Cependant, la mission a également pris une dimension régionale avec des discussions sur la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et sur les relations bilatérales entre les deux pays voisins.
Le contexte dans lequel se situe cette mission est marqué par des tensions géopolitiques dans la région des Grands Lacs. La Belgique, en tant que membre actif de la communauté internationale, cherche à jouer un rôle de médiateur dans les processus de paix en cours, notamment celui de Doha sous l’égide du Qatar, de Washington, ainsi que celui de l’Union africaine. Les relations diplomatiques entre la Belgique et le Rwanda sont tendues en raison du soutien perçu par Bruxelles en faveur de Kinshasa, tandis que le Burundi déploie des troupes pour soutenir les forces armées congolaises dans l’est de la RDC. Le Rwanda est régulièrement accusé par le Burundi de menacer sa sécurité en raison des rebelles soutenus dans cette région.
Pour la Belgique, une issue à la crise de l’est de la RDC passe par plusieurs principes fondamentaux : le respect de l’intégrité territoriale des États, la fin du soutien aux groupes armés et la promotion d’une économie transfrontalière légale et équitable. La Belgique prône également le retour des réfugiés dans des conditions dignes et la neutralisation des FDLR, tout en mettant fin aux alliances entre ces groupes et les forces armées congolaises. Maxime Prévot a souligné la nécessité d’attaquer les causes profondes du conflit pour briser le cycle de violences qui ravage la région depuis des années.
Un élément clé de cette mission est la reprise de la coopération militaire entre la Belgique et la RDC, interrompue depuis 2017. En avril 2022, une trentaine d’instructeurs belges du Régiment d’opérations spéciales (SOR) ont été déployés à Kindu, dans le camp de Lwama, pour former la 31ᵉ Brigade de réaction rapide de l’armée congolaise. Cette unité a déjà déployé son premier bataillon dans l’est du pays, dans le cadre des efforts pour sécuriser la région et renforcer la capacité de défense de la RDC contre les menaces internes et externes.
L’implication de la Belgique dans la recherche d’une solution durable pour la paix en RDC et dans la région des Grands Lacs reflète la volonté de Bruxelles de jouer un rôle de premier plan dans la gestion des crises régionales. Cependant, les défis sont considérables, notamment avec la persistance des conflits armés, des tensions interétatiques et des violations des droits de l’homme. Le succès de cette mission dépendra de la capacité des acteurs locaux et internationaux à unir leurs efforts pour instaurer une paix durable dans cette région instable.