Le 28 avril 2025, le ministère ivoirien de la Justice a tenu une conférence de presse pour clarifier la situation de Tidjane Thiam, après sa radiation de la liste électorale pour la présidentielle d’octobre. L’information principale partagée a été celle-ci : l’ex-ministre n’est pas apatride et a retrouvé sa nationalité ivoirienne en mars 2025. Cette déclaration visait à lever les ambiguïtés qui entouraient la situation de l’ex-leader du PDCI, après la décision du tribunal qui avait conclu à son inéligibilité, arguant qu’il avait perdu sa nationalité ivoirienne en 1987 lors de son naturalisation française.
Lors de son intervention, Augustin Kouamé, directeur des Affaires civiles et pénales au ministère, a expliqué que Tidjane Thiam avait perdu sa nationalité ivoirienne automatiquement en 1987 lorsqu’il a acquis la nationalité française. Toutefois, en 2025, il a récupéré sa nationalité ivoirienne après avoir renoncé à sa nationalité française, ce qui a permis de rétablir son statut de citoyen ivoirien. Ainsi, Thiam n’a jamais été apatride, comme certains l’avaient suggéré, mais a simplement vécu une période de dualité nationale. Le ministère a précisé que ce processus a respecté les procédures légales, confirmant que l’ex-ministre avait recouvré sa nationalité ivoirienne de manière automatique.
La situation a été complexe sur le plan juridique. Les avocats de Tidjane Thiam ont tenté de démontrer que leur client était né binational, à la fois français et ivoirien, mais leurs arguments n’ont pas convaincu la juge. Cette dernière a estimé que, selon l’article 48 du Code de la nationalité, la naturalisation française de Thiam en 1987 avait entraîné la perte de sa nationalité ivoirienne. Ainsi, au moment de son enrôlement sur les listes électorales en 2022, il n’était plus Ivoirien, ce qui a justifié la décision de sa radiation.
Malgré cette décision judiciaire, le PDCI a réagi en demandant un dialogue avec les autorités et l’audit de la liste électorale. Le porte-parole du parti, Soumaïla Bredoumy, a insisté sur le fait que la nationalité exclusivement ivoirienne de Tidjane Thiam ne faisait l’objet d’aucune contestation et a exigé son retour sur la liste électorale. Parallèlement, les avocats de Thiam ont annoncé leur intention de déposer un recours pour annuler la décision du tribunal. Selon eux, la décision rendue n’a pas été communiquée au Ministère public, ce qui, pour eux, rend la décision caduque et sans effet juridique.
Le futur de cette affaire semble incertain, avec un recours judiciaire imminent et des tensions politiques croissantes. Le PDCI persiste dans sa demande de réintégration de son leader, alors que les autorités judiciaires s’apprêtent à examiner les recours. Cette situation pourrait aussi marquer un tournant dans le processus électoral, avec des implications possibles pour la présidentielle d’octobre. Si le recours est accepté, cela pourrait modifier les dynamiques politiques autour des candidatures pour la présidentielle. En revanche, si la décision est confirmée, elle pourrait renforcer les appels à une réforme du Code de la nationalité ivoirienne, afin d’éviter de telles situations à l’avenir.
L’affaire Tidjane Thiam soulève des questions plus larges sur la dualité des nationalités et leur impact sur les droits civiques en Côte d’Ivoire. Cette situation met en lumière les complexités juridiques liées aux notions de nationalité et d’éligibilité, et pourrait inciter d’autres citoyens à s’interroger sur la protection de leurs droits civiques dans un contexte de mondialisation. Les débats autour de cette question devraient continuer à occuper une place centrale dans les discussions sur les réformes électorales et la définition des critères de nationalité en Côte d’Ivoire.