Les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), les compagnies pétrolières et la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) semblent proches d’un accord historique concernant le rapatriement des fonds destinés à la réhabilitation des sites pétroliers. Actuellement conservées dans des banques européennes, ces réserves pourraient être transférées à la BEAC, malgré la réticence exprimée par certains acteurs du secteur pétrolier. Cette avancée a été annoncée lors d’une conférence de presse à Libreville le 30 avril dernier.
Le document en négociation entre les parties compte 28 points, dont 27 ont déjà été validés. Cependant, un point de friction subsiste : les compagnies pétrolières demandent la levée de l’immunité de la BEAC. En effet, les pétroliers souhaitent s’assurer que ces fonds seront disponibles à tout moment, ce qui semble être une condition essentielle à leur accord. Actuellement placées dans des banques commerciales européennes, ces réserves génèrent des rémunérations plus avantageuses pour les compagnies. La BEAC, en tant que banque centrale, ne pourrait pas leur offrir des conditions aussi favorables.
Jacqueline Bignoumba Illogue, présidente de l’Union pétrolière gabonaise, a exposé les raisons de cette réticence. Selon elle, les compagnies pétrolières ne veulent pas risquer de placer ces fonds dans une banque où elles ne seraient pas assurées de pouvoir y accéder rapidement si nécessaire. “Lorsque des fonds sont déposés dans une banque, les pétroliers doivent s’assurer qu’ils peuvent les récupérer sans difficulté en cas de besoin. C’est pourquoi ces réserves sont actuellement logées dans des banques commerciales”, a-t-elle déclaré. Cette position est d’autant plus importante que les pétroliers estiment que les conditions de rémunération offertes par la BEAC ne sont pas compétitives par rapport à celles des institutions commerciales européennes.
Pour les ministres de la CEMAC, la levée de l’immunité de la BEAC est une condition inacceptable. Le ministre gabonais du Pétrole, Marcel Abéké, a précisé que les pays de la région ne cherchent pas à rapatrier ces fonds à des fins personnelles, mais plutôt à augmenter la liquidité des banques locales. “Il s’agit de fonds destinés à la réhabilitation des sites pétroliers. En cas d’incident ou de dégradation, l’opérateur doit pouvoir avoir accès à ces fonds, mais seulement sous certaines conditions”, a-t-il ajouté. Les autorités de la CEMAC insistent sur le fait que l’argent serait placé dans des comptes séquestres et non utilisé à des fins non prévues.
Les discussions se poursuivent via visioconférence, avec l’espoir de parvenir à une signature rapide de l’accord tripartite entre les pays de la CEMAC, les compagnies pétrolières et la BEAC. Le transfert des fonds à la BEAC pourrait renforcer la stabilité financière de la région, mais il reste à surmonter le dernier obstacle des conditions imposées par les pétroliers. Les négociations devraient aboutir dans un futur proche, mais le point sensible concernant l’immunité de la BEAC reste un défi majeur à résoudre.
Cette situation illustre la complexité des relations financières dans le secteur pétrolier de la région. Si la BEAC parvient à recevoir ces fonds, cela pourrait constituer un tournant pour la gestion des réserves pétrolières dans la zone CEMAC. Toutefois, l’accord doit être équilibré pour satisfaire les attentes des compagnies pétrolières tout en respectant les objectifs des États membres. Reste à savoir si les négociations aboutiront sur un terrain d’entente qui permette de lever les dernières réticences.