Un nouveau rapport révèle que la majorité des Africains, dans 39 pays, estiment que la responsabilité de répondre aux défis climatiques incombe avant tout à leurs gouvernements, et non aux anciens émetteurs. Cependant, les plus vulnérables nourrissent des attentes limitées quant à la capacité de leurs gouvernements à répondre efficacement aux enjeux climatiques.
L’étude menée par le Climate Risk Lab de l’Université de Cape Town (UCT) a révélé qu’une grande majorité d’Africains, répartis sur 39 pays, estiment que la responsabilité première de la lutte contre le changement climatique revient à leurs gouvernements respectifs. Un tiers des personnes interrogées pense que la population devrait jouer un rôle crucial dans cette réponse, tandis qu’une minorité considère que les pays historiques, grands émetteurs de gaz à effet de serre, doivent être tenus responsables. Toutefois, certains facteurs comme l’éducation, la réduction de la pauvreté et l’accès à de nouvelles sources médiatiques ont poussé une proportion significative à attribuer cette responsabilité aux pays émetteurs historiques.
Le changement climatique représente une menace de plus en plus pressante pour les populations africaines, particulièrement les plus vulnérables. Les impacts, comme la montée des températures et les phénomènes climatiques extrêmes, se font ressentir de manière plus intense sur le continent, où les capacités d’adaptation restent limitées. Cependant, l’action climatique en Afrique est souvent perçue comme une priorité secondaire, notamment par les gouvernements. Selon le Dr Nick Simpson, responsable principal de la recherche à l’UCT, les résultats de l’étude sont préoccupants, car elle montre que ceux qui disposent de moins de ressources pour gérer les impacts climatiques n’ont que de faibles attentes concernant une réponse adéquate de leurs dirigeants.
Le faible niveau d’engagement des partis politiques et des électeurs africains vis-à-vis du changement climatique se traduit par une faible pression exercée sur les gouvernements. Pourtant, à mesure que les impacts climatiques deviennent de plus en plus palpables, la pression pour que les gouvernements africains intensifient leurs efforts devrait croître. Le Dr Debra Roberts, co-auteur de l’étude et ancienne co-présidente du Groupe de travail II du Sixième Rapport d’évaluation du GIEC, souligne l’importance de prêter davantage attention à l’action climatique. Les citoyens, eux, commencent à prendre conscience des conséquences du changement climatique et attendent de leurs dirigeants qu’ils assument leurs responsabilités.
L’étude a également étudié l’impact de la professionnalisation de l’État (qualité des services publics et absence de corruption) sur les attentes des citoyens concernant la réponse au changement climatique. Il ressort que dans les régions où les services publics sont jugés efficaces, les citoyens sont davantage enclins à soutenir des actions climatiques et à demander à leurs gouvernements de faire de même. Selon Dr Simpson, un tel “cycle vertueux” pourrait favoriser une plus grande responsabilisation des gouvernements et des citoyens, créant ainsi une dynamique favorable à l’action climatique.
Les résultats de cette étude mettent en lumière l’opportunité d’un changement de paradigme. Les citoyens ayant accès à l’information et aux ressources se montrent plus favorables à une action climatique générale et plus disposés à exiger des mesures concrètes de leurs gouvernements, tout en reconnaissant que les anciens émetteurs doivent jouer un rôle plus important. En ce sens, l’étude ouvre la voie à une meilleure compréhension des perceptions citoyennes et de la manière dont elles influencent la gouvernance climatique.
Les conclusions de cette étude soulignent l’importance de comprendre les interactions entre la littératie climatique, les perceptions des citoyens sur la responsabilité climatique et l’évaluation des actions des gouvernements et des pays émetteurs historiques. Cette recherche intervient à un moment où l’intérêt pour les perceptions publiques concernant l’action climatique est croissant. D’autres études récentes ont montré que, bien que 89% des personnes dans le monde souhaitent que leurs gouvernements agissent davantage, une partie de la population estime à tort que ses pairs ne partagent pas cet avis. Changer cette perception pourrait constituer un tournant pour la mobilisation mondiale face aux enjeux climatiques.