L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud fait face à deux mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie. Ces mandats, émis en mars et mai 2024, sont liés à son dernier roman Houris, un ouvrage qui aborde la guerre civile algérienne des années 1990. Selon l’avocate de l’écrivain, Jacqueline Laffont, les motivations de ces mandats restent floues, bien qu’elle suspecte des raisons politiques, en raison de la nature du livre et de sa controverse en Algérie.
Le livre Houris, qui a reçu le prix Goncourt en 2024, est au cœur des tensions. L’Algérie a interdit sa publication en raison de son traitement de la décennie noire et des massacres qui ont marqué la guerre civile. En plus des mandats d’arrêt, Kamel Daoud fait face à d’autres plaintes en lien avec ce roman. Une survivante de la guerre civile, Saada Arbane, accuse l’auteur de lui avoir volé son histoire pour en faire le fondement de son personnage principal. Cette plainte a donné lieu à des poursuites en Algérie pour violation du secret médical, car l’histoire de Saada Arbane a été recueillie par une psychiatre, épouse de Kamel Daoud.
Les poursuites contre Kamel Daoud surviennent dans un contexte où la liberté d’expression en Algérie reste un sujet sensible. Le pays est souvent critiqué pour ses pratiques répressives envers les artistes et écrivains, notamment ceux qui abordent des sujets politiques ou historiques sensibles. Le roman Houris s’attaque directement aux blessures de la guerre civile, un sujet toujours tabou en Algérie, où le régime a longtemps cherché à minimiser ou oublier ces événements. Cette situation met en lumière les tensions entre la liberté d’expression artistique et les impératifs politiques d’un régime autoritaire.
L’affaire a pris une tournure internationale, avec des plaintes déposées à la fois en Algérie et en France. En France, Kamel Daoud et son éditeur, Gallimard, sont accusés de violation de la vie privée et de diffamation. La première audience pour fixer le calendrier des échanges entre les parties a eu lieu récemment, marquant le début d’un processus judiciaire qui pourrait déboucher sur un procès civil dans les mois à venir. L’écrivain, pour sa part, dénonce une campagne orchestrée par le régime algérien pour réduire au silence ses critiques.
L’avenir de cette affaire semble incertain. Si les mandats d’arrêt sont exécutés, Kamel Daoud pourrait être contraint de se rendre en Algérie, où il risque des poursuites pénales. Les implications politiques de cette situation pourraient également affecter les relations entre la France et l’Algérie, notamment en ce qui concerne les droits des artistes et la liberté d’expression. L’écrivain pourrait également devenir un symbole international de la lutte contre la répression artistique.
L’affaire Kamel Daoud a suscité une large mobilisation dans le milieu littéraire international. De nombreux écrivains, journalistes et défenseurs des droits humains ont exprimé leur solidarité avec l’auteur, dénonçant une tentative d’étouffer la liberté d’expression. Les organisations de défense des droits de l’homme suivent de près le développement de ce dossier, soulignant l’importance de soutenir les artistes qui s’attaquent à des sujets sensibles, particulièrement dans des régimes où la censure est omniprésente.