Léon XIV, ancien prieur général de l’ordre de Saint-Augustin, a marqué l’histoire par ses nombreux voyages en Afrique, et plus particulièrement en République Démocratique du Congo (RDC). De 2001 à 2013, sa fonction l’a conduit à visiter plusieurs communautés augustiniennes sur le continent, renforçant les liens entre l’Église catholique et ses fidèles. Ce jeudi 8 mai, l’annonce de son élection au pontificat a suscité une émotion vive parmi les catholiques, notamment ceux de la RDC, où le vicaire régional des Augustins, le père Olivier Gangola Bawa, n’a pu retenir ses larmes en voyant son ancien confrère au balcon du Vatican.
Le pape Léon XIV a effectué plusieurs séjours en RDC, non seulement à Kinshasa, mais aussi au cœur du pays, dans des zones reculées comme Issiro et Doungou, où il a rencontré les membres des communautés augustiniennes. Le père Michel Mivunguba Kaneru se souvient d’un voyage difficile, où le pape a partagé les conditions de vie des missionnaires : des routes impraticables, des logements modestes et des repas simples. Léon XIV n’a rien exigé de plus que ce qui lui était offert, faisant preuve d’humilité et de solidarité avec ses frères missionnaires.
Les séjours du pape en RDC ne se limitaient pas à des visites symboliques, mais étaient aussi l’occasion de partager des moments d’intense communion avec les communautés locales. À Doungou, près de la frontière avec le Soudan du Sud, une communauté de frères augustiniens continue aujourd’hui de travailler dans des conditions similaires à celles qu’a vécues Léon XIV en 2010. Le père Blaise Mbiko Yezu, membre de cette communauté, propose même que le centre de formation professionnelle des augustiniens à Doungou soit un jour baptisé du nom de Léon XIV, en reconnaissance de son engagement et de son soutien aux plus démunis.
Le message de Léon XIV, tant dans ses voyages que dans ses discours, était clair : l’Église doit être au service des plus pauvres et des oubliés. Ce message trouve un écho particulier dans la doctrine sociale de l’Église, incarnée par son prédécesseur Léon XIII, qui met l’accent sur la dignité humaine et la solidarité. Mgr Emmanuel-Bernard Kasanda Mulenga, évêque de Mbuji-Mayi, dans le Kasaï oriental, a salué l’élection du pape avec un enthousiasme débordant, soulignant l’importance de l’unité chrétienne et de l’attention portée aux plus vulnérables.
L’élection de Léon XIV intervient dans un contexte mondial et africain marqué par de multiples défis. En Afrique, le pape est vu comme un acteur essentiel dans la lutte contre la pauvreté, les conflits ethniques et les violations des droits de l’homme, notamment dans des régions comme la RDC, où les ressources naturelles sont régulièrement pillées. Les discours du pape, à la suite de François, invitent les grandes puissances à retirer leurs mains des affaires africaines et à respecter la souveraineté des nations du continent.
Au niveau mondial, l’Église fait face à des enjeux liés à la perte d’influence, notamment en raison des scandales d’abus sexuels au sein du clergé. Ces questions, qui déstabilisent la confiance des fidèles, représentent un défi majeur pour le pontife, qui devra naviguer avec prudence pour restaurer la crédibilité de l’Église. Ces problématiques ne sont pas étrangères aux préoccupations de Mgr Kasanda, qui insiste sur l’importance de la paix et de la fin des conflits, des thèmes essentiels pour l’avenir du pape Léon XIV.
L’une des grandes attentes des catholiques, notamment en RDC, réside dans la capacité de Léon XIV à se faire le porte-parole des “petits et des oubliés”, comme le souligne Mgr Kasanda. L’Église doit être un agent de paix, de réconciliation et de justice sociale. Le pape a une responsabilité cruciale dans la résolution des conflits, la fin de la guerre et la promotion des droits des populations marginalisées. Pour beaucoup, son élection représente une lueur d’espoir, un appel à un changement radical dans l’approche des grandes puissances et des institutions internationales envers l’Afrique.
Léon XIV incarne ainsi une figure paternelle qui transcende les frontières de l’Église et qui appelle à une plus grande solidarité entre les peuples. Son parcours, ses voyages et ses messages résonnent fortement, tant en RDC qu’au-delà, et les catholiques du monde entier attendent avec impatience les actions concrètes qu’il entreprendra pour relever ces défis majeurs.