Du 9 au 12 mai, le président de l’Assemblée nationale congolaise, Vital Kamerhe, s’est rendu en Ouganda dans le cadre d’une mission diplomatique et parlementaire. Cet engagement s’inscrit dans une série d’initiatives visant à renforcer les liens entre la République Démocratique du Congo (RDC) et son voisin ougandais, alors que la situation sécuritaire dans l’est de la RDC demeure préoccupante. Si la conférence à laquelle Kamerhe a participé, la 3ᵉ Conférence interparlementaire africaine sur les défis mondiaux émergents, revêt une importance, c’est surtout la rencontre avec le président ougandais, Yoweri Museveni, qui souligne l’importance stratégique de ce déplacement.
Le principal objectif de la mission de Vital Kamerhe à Entebbe n’était pas seulement diplomatique mais aussi politique. Porteur d’un message « spécial » du président Félix Tshisekedi, le président de l’Assemblée nationale congolaise a profité de son séjour pour rencontrer Museveni afin d’évoquer la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. Selon les sources proches du dossier, ces échanges s’inscrivent dans un cadre plus large d’un rapprochement bilatéral, amorcé en novembre 2024, visant à répondre à l’instabilité persistante dans cette région stratégique. Si les États-Unis facilitent les négociations de paix entre Kinshasa et Kigali, la RDC cherche à ne pas négliger son voisin ougandais, acteur incontournable du paysage sécuritaire de la région.
Ce rapprochement intervient dans un contexte régional particulièrement complexe. La RDC, l’Ouganda, le Rwanda et d’autres acteurs régionaux sont plongés dans un jeu géopolitique tendu, marqué par des conflits armés persistants dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Tandis que la communauté internationale, et en particulier les États-Unis, cherche à instaurer un climat de paix entre la RDC et le Rwanda, Kinshasa entend également renforcer ses relations avec Kampala. L’Ouganda, acteur militaire clé de la région, a longtemps été impliqué dans les opérations sécuritaires contre des groupes armés comme les Forces Démocratiques Alliées (ADF) et la milice CODECO, des menaces transfrontalières qui mettent en péril la stabilité régionale.
La rencontre entre Kamerhe et Museveni a permis de renforcer la coopération entre les deux pays, notamment en matière de sécurité. Un accord a été atteint pour la poursuite des opérations militaires conjointes entre les forces armées de la RDC (FARDC) et l’armée ougandaise (UPDF). Ces opérations, lancées contre les ADF, s’étendent désormais à d’autres groupes armés comme la CODECO. Le but est de sécuriser des zones stratégiques dans les provinces de l’Est de la RDC, de renforcer les patrouilles et de maintenir une présence dissuasive sur le terrain. Cette coopération se veut également une réponse aux enjeux géopolitiques complexes de la région, où plusieurs pays ont des intérêts contradictoires et où l’instabilité est perçue comme une menace régionale.
Depuis plusieurs mois, des patrouilles communes entre les FARDC et l’UPDF ont été déployées dans des zones jusqu’alors sous l’influence des ADF, notamment autour du lac Albert et dans les territoires de Djugu, Mahagi, Bule et Fataki. Ces opérations visent à sécuriser les axes routiers et à contrôler les frontières, en particulier dans des zones éloignées de la présence habituelle des groupes armés. Des unités spécialisées, notamment des troupes de montagne, ont été mobilisées pour garantir la réussite de ces missions. L’objectif est de restaurer un semblant d’ordre dans une région dévastée par les conflits armés depuis plusieurs années, en assurant à la fois la protection des populations civiles et l’intégrité des territoires nationaux.
En résumé, la mission de Vital Kamerhe en Ouganda s’inscrit dans un cadre de coopération renforcée entre Kinshasa et Kampala, indispensable à la gestion des défis sécuritaires dans l’Est de la RDC. Le soutien stratégique de l’Ouganda est désormais incontournable pour la RDC, non seulement sur le plan militaire mais aussi diplomatique. Si la situation reste volatile, ces démarches bilatérales ouvrent la voie à une dynamique de coopération qui pourrait, à terme, contribuer à stabiliser la région et offrir un modèle de gestion des conflits transfrontaliers.