Au Kenya, les propos du président William Ruto sur le sort des militants disparus ont déclenché une vague d’indignation. Lors d’un point presse, le 12 mai, Ruto a affirmé que toutes les personnes disparues ces derniers mois, dans des circonstances inexpliquées, avaient retrouvé leurs familles. Il a également assuré qu’aucune disparition forcée n’aurait lieu sous son administration. Ces déclarations surviennent un an après les manifestations violentes contre la loi de finances, qui ont conduit à la mort de près de 60 personnes et à la disparition de dizaines d’autres. Cette prise de parole est vivement critiquée.
Les organisations de défense des droits de l’homme, telles que Vocal Africa, ont vivement réagi. Dans un communiqué, elles ont qualifié ces propos d’« inexactes et méprisantes », soulignant que de nombreuses familles sont toujours sans nouvelles de leurs proches disparus. Vocal Africa a publié une liste de personnes disparues, principalement lors des manifestations de mai et juin 2024, et a déploré l’absence de justice face à un « système de répression et d’impunité ». Ces déclarations interviennent alors que les familles des disparus continuent de lutter pour des réponses.
Cette situation s’inscrit dans un contexte de répression politique et de violations des droits de l’homme au Kenya. L’année dernière, la répression policière lors des manifestations contre la loi de finances avait suscité une forte mobilisation, mais aussi une violente réaction des forces de l’ordre. Selon des rapports de l’ONU, la répression de ces manifestations a été marquée par des abus des forces de sécurité, ainsi que par des atteintes graves aux libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression et le droit de manifester pacifiquement.
Les perspectives sont inquiétantes, avec des appels croissants à une enquête indépendante sur les disparitions et à une responsabilité accrue des autorités. Les organisations de défense des droits de l’homme et certains leaders politiques, dont l’opposante Martha Karua, demandent désormais que des enquêtes soient menées non seulement sur les disparitions, mais aussi sur les exécutions extrajudiciaires et les violences policières. Le climat actuel suggère que la répression pourrait se poursuivre, alors même que les droits civiques au Kenya semblent se détériorer, comme l’a souligné récemment la Commission des droits de l’homme des Nations unies.
Les familles des victimes continuent de se battre pour obtenir justice. À l’occasion de la fête des mères, elles ont publié une pétition appelant à la lumière sur le sort de leurs enfants. L’ancien président de la Cour suprême, David Maraga, a qualifié les propos du président Ruto de « inadmissibles » et a souligné que la demande de justice reste plus que jamais d’actualité. Face à cette situation, de nombreux observateurs estiment que la volonté de la communauté internationale, y compris des organismes comme l’ONU, pourrait jouer un rôle crucial dans l’avenir de la répression et de la quête de justice au Kenya.