Lors de son intervention à l’Africa CEO Forum, à Abidjan, le président ghanéen, John Mahama, a lancé un appel fort à l’attention des investisseurs internationaux : accélérer l’exploitation du pétrole brut au Ghana. Dans un discours prononcé le 13 mai, Mahama a exhorté à une exploitation sans relâche des ressources pétrolières, avec pour objectif de maximiser les revenus du secteur avant que la transition mondiale vers les énergies renouvelables n’affecte la demande en hydrocarbures.
Le président ghanéen a utilisé une formule percutante pour inciter à l’investissement : « pomper du pétrole comme s’il n’y avait pas de lendemain ». Si cette déclaration évoque le style de l’ancien président américain Donald Trump, elle témoigne d’une volonté affirmée de dynamiser la production pétrolière au Ghana. Le pays, dont la production de pétrole a connu un déclin ces dernières années, cherche à réactiver son secteur stratégique. En attirant les investisseurs étrangers, Mahama espère exploiter pleinement les ressources pétrolières du pays avant qu’une baisse de la demande mondiale ne se fasse sentir.
Ce discours s’inscrit dans un contexte où la transition énergétique mondiale devient une priorité, avec la montée des énergies renouvelables et l’Accord de Paris, qui incite à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) préconise d’ailleurs qu’aucun nouveau projet pétrolier ou gazier ne soit lancé pour limiter le réchauffement climatique à +1,5°C d’ici 2050. Toutefois, Mahama rappelle que les pays en développement, comme le Ghana, ont un droit légitime à exploiter leurs ressources naturelles pour soutenir leur développement économique, n’étant pas responsables du changement climatique actuel.
Le défi pour le Ghana est de parvenir à un équilibre entre l’exploitation pétrolière et la transition énergétique. Mahama a insisté sur le fait que le pays entendait non seulement développer ses réserves pétrolières, mais aussi diversifier son mix énergétique. Le Ghana vise à augmenter la part des énergies renouvelables dans sa production d’électricité de moins de 3 % à 10 % dans les prochaines années. Ce double objectif, selon le président, permettrait au Ghana de tirer profit de ses ressources naturelles tout en avançant vers une transition énergétique plus durable.
À terme, la politique de John Mahama pourrait avoir des répercussions importantes sur le développement économique du Ghana. Si l’exploitation pétrolière offre des opportunités immédiates pour renforcer les finances du pays, la question de la durabilité de ce modèle reste cruciale. En parallèle, la mise en œuvre de projets énergétiques renouvelables nécessitera d’importants investissements et une planification à long terme. Le Ghana devra réussir à jongler avec ces deux priorités pour garantir un avenir énergétique stable et respectueux des engagements climatiques mondiaux.
Les témoignages de certains experts du secteur soulignent la complexité du défi posé au Ghana. Ils affirment que bien que l’exploitation pétrolière puisse être bénéfique à court terme, elle doit être accompagnée d’une stratégie énergétique claire et ambitieuse pour éviter la dépendance à long terme vis-à-vis des énergies fossiles. Le Ghana se trouve ainsi à un carrefour stratégique, où les décisions prises aujourd’hui détermineront sa capacité à se réinventer et à se préparer pour un avenir énergétique plus vert.