Le secteur minier camerounais, encore marginal dans l’économie du pays, commence à montrer des signes de dynamisme. Lundi 19 mai, la société britannique Oriole Resources a annoncé des résultats encourageants sur son projet aurifère de Mbe, situé dans l’Est du pays. Cette avancée renforce l’ambition du gouvernement de faire du secteur minier un pilier de l’économie nationale, avec l’objectif affiché de dépasser, à terme, la contribution du secteur pétrolier au produit intérieur brut.
Les perspectives de croissance du secteur sont soutenues par plusieurs projets en cours. À commencer par le fer de Mbalam, qui pourrait produire jusqu’à 10 millions de tonnes par an dès la première phase, avec un début des exportations prévu pour mi-2025. D’autres projets de fer viennent compléter l’offre : Kribi-Lobé, encore en phase pilote, vise une production annuelle de 4 millions de tonnes, tandis que Grand Zambi prévoit ses premières exportations en juin 2025. Le pays espère aussi percer dans la bauxite avec la future mine de Minim Martap, et dans l’or, avec les projets Mbe et Bibemi d’Oriole Resources, et une mine souterraine récemment mise en service par Codias SA.
Malgré la richesse de son sous-sol, avec plus de 50 types de ressources identifiées, le Cameroun reste un acteur mineur sur la scène minière africaine. En 2021, l’ensemble de l’industrie extractive ne représentait que 4 % du PIB, en grande partie grâce aux hydrocarbures. Face à la baisse des performances du secteur pétrolier, les autorités voient dans les mines un nouveau levier de développement. Le ministre des Mines, Fuh Calistus Gentry, prévoit le lancement de 15 projets miniers d’ici à 2027, dans une logique de diversification économique.
Si les projets miniers avancent, leur concrétisation dépendra de la capacité des autorités à rassurer les investisseurs. Le nouveau Code minier adopté en 2023 vise à rendre le cadre juridique plus attractif, en corrigeant les lacunes de la version de 2016. Toutefois, des tensions demeurent, comme en témoigne le conflit entre l’État et la société australienne Sundance Resources, à qui le permis du projet Mbalam a été retiré. L’affaire est désormais portée devant la Chambre de commerce internationale à Paris, où l’entreprise réclame 5,5 milliards de dollars.
Au-delà des enjeux juridiques, la gouvernance du secteur minier reste un point de friction. En 2024, l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) a suspendu le Cameroun de son processus, invoquant un manque d’implication de la société civile et des faiblesses structurelles dans la gestion du secteur. Ces critiques soulignent les efforts encore nécessaires pour instaurer une gestion plus transparente et inclusive du sous-sol camerounais.
L’essor du secteur minier pourrait transformer l’économie camerounaise à moyen terme. Mais pour y parvenir, le pays devra conjuguer volontarisme politique, stabilité réglementaire et transparence dans la gouvernance. Le potentiel est là, les projets aussi. Reste à lever les freins qui empêchent encore cette filière stratégique de prendre son véritable envol.