Julius Malema, leader du parti d’extrême gauche sud-africain EFF, a réaffirmé qu’il continuerait à chanter « Kill the boer », un hymne contesté datant de la lutte contre l’apartheid. Cette déclaration survient après la diffusion d’une vidéo où il entonne ce chant lors d’un événement en présence du président Cyril Ramaphosa à Washington, ce qui a provoqué une vague d’indignation, notamment relayée par Donald Trump.
Ce chant, interprété par certains comme un appel à la violence contre les fermiers blancs, est pourtant considéré par Malema comme un symbole historique. Selon lui, l’interdire reviendrait à « trahir la lutte de notre peuple ». Une position qu’il a défendue dimanche dernier, malgré les critiques croissantes et les accusations de discours haineux portées par certains responsables politiques et citoyens sud-africains.
La controverse autour de « Kill the boer » n’est pas nouvelle. Depuis près de quinze ans, l’affaire a été examinée par toutes les instances judiciaires du pays. En 2024, la plus haute cour sud-africaine, saisie par le lobby afrikaner Afriforum, a tranché : ce chant ne constitue pas une incitation à la haine mais relève de l’histoire de la lutte contre l’apartheid. Cette décision s’appuie sur la signification politique et mémorielle de la chanson, malgré la violence de ses paroles.
La question demeure sensible en Afrique du Sud. Selon un récent sondage de la Social Research Foundation, plus de la moitié de la population estime que ce chant véhicule un discours de haine. L’Alliance démocratique, deuxième plus grand parti du pays et membre de la coalition gouvernementale depuis 2024, a d’ailleurs demandé son interdiction. Cette position reflète les tensions persistantes dans la société sud-africaine autour de l’héritage de l’apartheid et des questions raciales.
Pour Julius Malema et ses partisans, cependant, le maintien de ce chant est une manière de rappeler les luttes du passé. Ils considèrent que l’interprétation de ses paroles comme un appel à la haine est une instrumentalisation politique, destinée à discréditer l’opposition. Cette défense s’appuie sur le fait que, selon eux, le contexte historique du chant ne peut être détaché de sa signification.
Certains observateurs estiment que le refus de Malema de céder à la pression pourrait renforcer sa popularité auprès d’une partie de l’électorat sud-africain frustré par les inégalités persistantes. Mais cette position risque aussi d’attiser les tensions sociales et politiques dans un pays déjà marqué par les divisions raciales et économiques.