Le Ghana a décidé de fermer temporairement son ambassade à Washington et de rappeler tout son personnel diplomatique en raison d’une enquête portant sur une fraude aux visas et passeports orchestrée depuis l’intérieur même de l’institution. La décision a été annoncée par le ministre des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, alors que les premières révélations laissent entrevoir un système de détournement bien rodé.
L’affaire a éclaté lorsque l’audit interne mené par le ministère a mis au jour un mécanisme de fraude impliquant un employé local du service informatique de l’ambassade. Cet individu avait créé un lien clandestin sur le site officiel, redirigeant les demandeurs de visas et passeports vers une société privée qu’il contrôlait. Les usagers étaient ainsi contraints de payer des frais supplémentaires allant de 30 à 60 dollars, à leur insu et sans l’aval du ministère.
Cette affaire intervient alors que l’administration du président John Mahama martèle sa politique de tolérance zéro en matière de corruption. Le ministre Ablakwa a réaffirmé cette ligne dure en soulignant que les faits révélés sont d’une gravité extrême et portent atteinte à l’image du Ghana sur la scène internationale. La fraude, selon les premières conclusions, aurait perduré pendant au moins cinq ans, laissant planer des questions sur la rigueur des contrôles internes.
En réponse à ces révélations, tous les agents du ministère des Affaires étrangères en poste à Washington ont été rappelés sans délai. L’ensemble du service informatique de l’ambassade a été démantelé pour stopper toute activité illicite et lancer une réorganisation en profondeur. La suspension temporaire des activités consulaires a été décidée pour permettre à l’audit d’aller jusqu’au bout et pour rassurer l’opinion publique.
Au-delà de l’impact sur l’image diplomatique du Ghana, cette affaire pourrait déboucher sur des poursuites judiciaires contre les individus impliqués, y compris les collaborateurs du principal suspect. Des réformes profondes sont à prévoir dans la gestion des consulats et ambassades à l’étranger, avec un renforcement des contrôles et de la cybersécurité. Les autorités pourraient également être tentées de revoir les procédures de recrutement du personnel local, point faible exploité dans cette fraude.
Ce scandale met en lumière les vulnérabilités structurelles des services consulaires du Ghana et, plus largement, celles de nombreuses ambassades africaines qui peinent à sécuriser leurs procédures face à des tentatives d’enrichissement personnel. Il interroge également sur la capacité réelle des audits internes à prévenir ces dérives. Si le ministre a annoncé une « restructuration et une refonte des systèmes », la question demeure : cette réforme sera-t-elle suffisante pour rétablir la confiance des citoyens et des partenaires internationaux ?