À Dakar, quelque 800 représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile, et d’intellectuels débattent cette semaine de l’avenir du système politique sénégalais. Ce dialogue national, qui se tiendra jusqu’au 4 juin, vise à conforter les acquis démocratiques du pays. L’initiative, lancée par le président Bassirou Diomaye Faye, intervient après plusieurs années de tensions politiques.
Les participants s’attaquent à des questions cruciales : rationalisation du nombre de partis politiques, financement transparent de leurs activités, révision du parrainage des candidats à la présidentielle, et transformation du Conseil constitutionnel en une Cour constitutionnelle plus indépendante. Pour Anta Babacar Ngom, figure politique montante, ces réformes sont indispensables pour garantir une démocratie véritablement fonctionnelle, dans un pays qui compte aujourd’hui 386 partis pour 18 millions d’habitants.
Ce dialogue national se déroule dans un climat marqué par les récentes crises politiques et l’élection présidentielle qui a vu l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye. Fadel Barro, fondateur du mouvement Y’en à marre, rappelle qu’il s’agit d’une « chance » pour retrouver la sérénité politique et réinstaurer un dialogue pacifique, ce qui a souvent manqué au Sénégal dans les périodes précédentes.
La réforme du système judiciaire figure aussi parmi les priorités. La Haute Cour de justice, qui examine actuellement des dossiers de détournements de fonds impliquant d’anciens ministres, est critiquée pour son fonctionnement opaque et son alignement sur la majorité parlementaire. Amadou Ba, ex-Premier ministre et arrivé deuxième à la présidentielle, appelle à un système judiciaire transparent, où les droits de recours soient garantis et l’indépendance respectée.
Aujourd'hui 28 mai 2025, fidèle à notre calendrier républicain, j'ai ouvert le Dialogue national sur le système politique.
Dialoguer en temps de paix, c'est faire preuve de maturité, c'est prévenir les crises plutôt que de les subir.
Ce dialogue réunissant toutes les forces… pic.twitter.com/gSBRkgif7U
— Bassirou Diomaye Faye (@PR_Diomaye) May 28, 2025
L’objectif affiché du dialogue est ambitieux : faire émerger d’ici au 4 juin des recommandations concrètes pour moderniser et apaiser la vie politique sénégalaise. Mais la réussite de cette initiative dépendra de la capacité des participants à dépasser les rivalités partisanes et à construire un consensus solide autour des réformes. Cette séquence pourrait marquer un tournant dans la consolidation démocratique du pays, ou n’être qu’un énième exercice sans lendemain.
De nombreux observateurs, universitaires et artistes, suivent de près ces travaux, conscients que les décisions prises auront des répercussions majeures sur l’équilibre des institutions et la confiance des citoyens. « La question n’est pas de sauver les apparences, mais de rebâtir les fondations de notre démocratie », confie un chercheur sénégalais, qui redoute que le dialogue ne se résume à des promesses sans actes.