Le 3 juin, le service de sécurité ukrainien (SBU) a affirmé avoir mené une nouvelle attaque contre le pont de Crimée, infrastructure clé reliant la péninsule annexée à la Russie continentale. Une charge de 1 100 kg de TNT aurait endommagé des piliers sous-marins, plongeant l’ouvrage dans un « état d’urgence », selon Kiev. Aucune victime civile n’est à déplorer. Bien que les dégâts restent à confirmer de source indépendante, la circulation a été interrompue durant plusieurs heures.
Dans un communiqué, le SBU précise que l’opération a été conduite avec précision, sans pertes humaines, et diffuse une vidéo — non authentifiée — montrant une explosion sous-marine. Le gestionnaire du pont a brièvement suspendu le trafic dans la matinée, sans en préciser la cause. Depuis 2022, c’est la troisième fois que cet ouvrage est visé par Kiev. Le pont avait déjà été partiellement détruit par un camion piégé en 2022, puis par des drones en 2023.
Construit après l’annexion de la Crimée en 2014 et inauguré en grande pompe en 2018, ce pont de 19 kilomètres incarne pour Moscou la réintégration de la péninsule à la Russie. Pour l’Ukraine, il reste un symbole d’occupation illégitime. L’ouvrage est essentiel au ravitaillement des troupes russes dans le sud du pays et demeure l’un des points névralgiques de la logistique militaire du Kremlin.
Pour les observateurs, cette attaque revêt avant tout une valeur psychologique et politique. Ulrich Bounat, chercheur associé à Eurocreativ, souligne qu’elle rappelle l’incapacité de la Russie à protéger ses infrastructures stratégiques. Toutefois, il précise que malgré leur audace, ces actions relèvent davantage du registre symbolique que d’un véritable changement militaire : elles n’altèrent pas significativement l’équilibre des forces sur le terrain.
Alors que Moscou n’a pas officiellement commenté cette attaque sur le pont de Kertch, elle a accusé l’Ukraine d’être responsable d’explosions survenues le week-end précédent dans les régions russes de Koursk et de Briansk. Deux ponts ferroviaires y ont été détruits, causant la mort de sept personnes et blessant plus de cent civils, dont des enfants. Le Comité d’enquête russe y voit des actes terroristes « planifiés avec précision » par Kiev.
Ces derniers jours, Kiev a multiplié les offensives de grande envergure, visant même des avions russes sur leurs bases. Ces frappes illustrent l’escalade militaire en cours, alors que les négociations pour un cessez-le-feu sont au point mort. De part et d’autre, la stratégie semble privilégier la démonstration de force, au détriment d’un apaisement durable. Pour l’heure, ni la Russie ni l’Ukraine ne montrent de volonté de compromis.