Le président américain Donald Trump a signé, le mardi 3 juin, un décret doublant les droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium, les portant de 25 % à 50 %. Cette mesure entre en vigueur immédiatement, alors que des discussions sont prévues ce même jour à Paris avec plusieurs partenaires commerciaux des États-Unis. Une décision qui ravive les tensions dans le secteur sidérurgique mondial.
Initialement instaurées en mars, les taxes de 25 % sur l’acier et l’aluminium visaient à inciter les investissements sur le sol américain. En les doublant, Donald Trump franchit un nouveau cap, alors même que ces droits sectoriels s’étendent progressivement à d’autres industries stratégiques comme l’automobile, la pharmacie ou encore les semi-conducteurs. Seuls ces droits sectoriels ont survécu aux décisions judiciaires récentes ayant annulé des mesures plus générales. La sidérurgie européenne, déjà fragilisée, redoute l’impact de cette escalade commerciale.
Depuis plusieurs mois, les partenaires commerciaux des États-Unis évoluent dans un climat d’imprévisibilité marqué par des annonces brutales suivies de revirements soudains. En mai, Trump avait déjà menacé d’imposer une taxe de 20 % sur toutes les importations européennes, avant de reculer sous la pression d’Ursula von der Leyen. Cette instabilité pousse les industriels à rester prudents, beaucoup refusant de s’exprimer publiquement tant que les décisions ne sont pas officiellement confirmées.
Ce mercredi, des négociations doivent se tenir à Paris entre le commissaire européen Maros Sefcovic et le représentant américain Jamieson Greer. Les discussions s’annoncent tendues, alors que la sidérurgie européenne a perdu 18 000 emplois en 2024, dans un contexte de ralentissement mondial et de concurrence féroce de la Chine. Pour certains acteurs, il ne s’agit plus seulement de compétitivité, mais de survie.
Premier fournisseur d’acier et d’aluminium des États-Unis, le Canada encaisse un choc brutal. Ottawa dénonce une mesure « illégale et injustifiée » qui frappe une industrie ayant généré plus de 25 milliards de dollars d’exportations vers les États-Unis en 2024. « Ce genre de surtaxe est insoutenable pour n’importe quelle entreprise », alerte Nicolas Lapierre, du syndicat des Métallos. Le gouvernement canadien, par la voix de Dominic LeBlanc, a fait part de son inquiétude à Washington, tout en promettant des mesures de soutien.
Alors que le gouvernement s’engage à favoriser l’utilisation d’acier local dans les grands projets, les industriels exigent davantage. Certains réclament le rétablissement immédiat des contre-mesures canadiennes suspendues le mois dernier. Mais le véritable enjeu reste la durée de cette surtaxe américaine : plus elle perdure, plus elle risque de fragiliser durablement un secteur clé de l’économie canadienne.