Alors que l’économie numérique s’accélère sur le continent, seuls 15 pays africains proposent un forfait mobile de 2 Go à un prix conforme aux recommandations des Nations unies. Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), la majorité des États ne parviennent pas à offrir un accès internet à un coût représentant moins de 2 % du revenu national brut (RNB) mensuel par habitant, seuil fixé pour garantir une inclusion numérique minimale.
Depuis 2018, plusieurs pays ont réduit le coût de l’accès à l’internet mobile, mais l’écart avec les standards internationaux reste important. En moyenne, le prix d’un forfait d’entrée de gamme sur le continent est passé de 7,3 % à 3,9 % du RNB par habitant. Si cela marque un progrès, seuls l’île Maurice, le Gabon, le Sénégal, le Kenya ou encore l’Afrique du Sud atteignent aujourd’hui les exigences de la Commission du haut débit pour le développement durable. Vingt-deux pays affichent encore des prix bien au-dessus de la moyenne régionale.
L’un des principaux obstacles à la baisse des tarifs réside dans la politique fiscale des États. La multiplication des taxes sur les services numériques alourdit les coûts supportés par les opérateurs, qui répercutent cette pression sur les consommateurs. Malgré les appels répétés à alléger cette charge, les autorités nationales restent sourdes aux revendications du secteur. Ce manque de concertation compromet les efforts vers une connectivité universelle.
L’accès abordable à Internet ne relève plus du confort mais d’un impératif de développement. De l’enseignement à distance à l’entrepreneuriat numérique, en passant par les services publics en ligne, la connectivité est au cœur des transformations économiques. Le non-respect des standards d’accessibilité limite donc les opportunités pour des millions d’Africains, surtout dans les zones rurales et marginalisées.
La progression de certains pays témoigne toutefois qu’une volonté politique et des choix économiques ciblés peuvent faire la différence. Le Rwanda, par exemple, s’est appuyé sur des politiques d’infrastructures et de partenariats public-privé. Le Botswana a misé sur la simplification du cadre réglementaire. Mais ces exemples restent l’exception, dans une Afrique encore très fragmentée en matière de politiques numériques.
Tant que l’accès à l’internet mobile restera un luxe pour une majorité, le fossé numérique se creusera. La croissance de l’économie numérique en Afrique ne pourra se concrétiser pleinement qu’en garantissant des conditions équitables d’accès pour tous. Ce chantier, souvent relégué au second plan des agendas gouvernementaux, est pourtant essentiel pour espérer tirer parti des promesses du numérique à l’échelle continentale.