La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé, le 27 juin à Washington, un accord de paix censé ouvrir la voie à une désescalade durable dans la région des Grands Lacs. L’Union africaine, par la voix de Mahmoud Ali Youssouf, président de sa Commission, a salué cette initiative comme un « jalon significatif » dans les efforts collectifs de pacification régionale.
Cet accord engage les deux États à respecter leur souveraineté mutuelle, à mettre fin aux hostilités, et à organiser le retrait progressif des troupes rwandaises présentes en territoire congolais. Il inclut également un processus encadré de désarmement des groupes armés, dont le M23 et les FDLR, ainsi que le retour des déplacés et la réinsertion des ex-combattants. La création d’un mécanisme conjoint de sécurité figure également parmi les mesures clés. La signature s’est tenue en présence d’acteurs diplomatiques de premier plan, notamment le secrétaire d’État américain Marco Rubio, le chef de la diplomatie togolaise Robert Dussey et le ministre d’État qatari Mohammed Al-Khulaifi.
Cet accord s’inscrit dans un climat de tensions persistantes entre Kigali et Kinshasa, marqué par des accusations croisées de soutien à des groupes rebelles, des incursions militaires et une instrumentalisation des ressources naturelles. Depuis plusieurs mois, les États-Unis ont intensifié leur médiation, mettant leur poids diplomatique au service d’une issue politique, dans un espace géopolitique saturé de rivalités régionales et d’intérêts économiques. L’accord du 27 juin est la concrétisation d’un processus amorcé par une déclaration de principes en avril et un projet d’accord paraphé le 18 juin.
La tenue d’un sommet à la Maison Blanche fin juillet entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame devrait permettre d’évaluer l’application de l’accord et d’identifier les mécanismes de suivi. La réussite de cet engagement dépendra non seulement de la volonté politique des deux dirigeants, mais aussi de la capacité des partenaires internationaux à garantir sa mise en œuvre. L’enjeu central reste le désarmement effectif des groupes rebelles et la restauration de la confiance entre deux pays aux relations historiquement fragiles.
Si l’Union africaine a salué le rôle facilitateur des États-Unis et du Qatar, elle rappelle que la résolution durable du conflit passe par des solutions ancrées dans les mécanismes continentaux. L’EAC et la SADC sont appelées à jouer un rôle actif dans la mise en œuvre de l’accord, notamment en surveillant les engagements sécuritaires et en accompagnant les efforts de réintégration des ex-combattants. Le défi est de transformer ce texte en une feuille de route concrète, qui dépasse les effets d’annonce.
Au-delà de la dimension militaire, l’accord pose la question de la gouvernance des ressources naturelles, en particulier dans l’est de la RDC, théâtre de luttes d’influence multiples. Le succès de ce processus nécessitera une réforme de la gestion locale, une transparence accrue des flux économiques et une implication réelle des populations affectées par le conflit. Sans cela, les fragiles équilibres diplomatiques risquent de se heurter à la réalité du terrain.