Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se sont entretenus par téléphone le 1er juillet, pour la première fois depuis septembre 2022. Cet échange de plus de deux heures a porté principalement sur la guerre en Ukraine et la question du nucléaire iranien. Malgré la reprise du contact, les divergences entre les deux dirigeants restent marquées.
Le président français a réitéré son soutien « indéfectible » à la souveraineté de l’Ukraine et appelé à un cessez-le-feu suivi de négociations « solides et durables ». De son côté, Vladimir Poutine a maintenu que le conflit était la conséquence de la politique occidentale, accusant les États-Unis et leurs alliés d’avoir transformé l’Ukraine en « tête de pont anti-russe ». Le Kremlin insiste sur l’adoption d’un accord de paix qui prenne en compte les « nouvelles réalités territoriales ».
Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les relations entre Paris et Moscou sont gelées. Le dernier contact direct entre Macron et Poutine remontait à septembre de la même année. La tentative de dialogue engagée aujourd’hui intervient alors que les canaux diplomatiques se sont largement refermés, sur fond de sanctions, d’aides militaires occidentales à Kyiv, et de tensions croissantes entre la Russie et les puissances européennes.
Au-delà du dossier ukrainien, Macron et Poutine ont abordé la situation autour du programme nucléaire iranien. Les deux chefs d’État ont convenu de coordonner leurs actions diplomatiques et de poursuivre les échanges. Paris appelle Téhéran à respecter ses engagements au titre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), en particulier en ce qui concerne la coopération avec l’AIEA. Moscou, tout en insistant sur le droit de l’Iran à un programme civil, s’est dit ouvert à la poursuite des discussions.
Emmanuel Macron prévoit de s’entretenir dans les prochains jours avec les autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette initiative s’inscrit dans une volonté de redynamiser les efforts diplomatiques multilatéraux sur les grands dossiers sécuritaires mondiaux, malgré un contexte international tendu. Le dialogue direct avec Moscou, bien qu’embryonnaire, pourrait signaler un retour prudent de la diplomatie de contact, même en l’absence de convergence.
Ce premier échange ne marque pas une rupture stratégique, mais il ouvre un canal. L’initiative française témoigne d’une posture où Paris cherche à se positionner comme acteur de médiation, tout en maintenant ses positions de principe. Le Kremlin, lui, y voit un moyen de sortir de son isolement diplomatique, sans céder sur le fond. Les suites de cet appel dépendront de la volonté réelle des deux camps de dépasser l’affrontement idéologique pour renouer un dialogue pragmatique.