Le verdict est tombé. Le 2 juillet 2025, Sean Combs, plus connu sous le nom de P. Diddy, a été déclaré non coupable de trafic sexuel et d’association de malfaiteurs, les chefs d’accusation les plus graves qui pesaient contre lui. Toutefois, le jury l’a reconnu coupable de transport de personnes à des fins de prostitution, une infraction fédérale aux États-Unis, marquant une condamnation partielle mais lourde de conséquences.
Après des semaines d’audiences intenses, marquées par des témoignages troublants et des contre-interrogatoires virulents, les douze jurés ont délibéré durant deux jours. Le magnat du hip-hop a évité une condamnation à perpétuité, possible en cas d’association de malfaiteurs, mais n’échappe pas à une condamnation pénale. Le juge Arun Subramanian devra prononcer prochainement la peine. L’avocat de la défense, Marc Agnifilo, a demandé la libération sous conditions de son client, en mettant en avant l’acquittement des chefs principaux.
Sean Combs était accusé d’avoir mis en place un réseau criminel destiné à organiser des “freak-offs”, des séances sexuelles extrêmes où il forçait des femmes, dont son ex-compagne Cassie et une plaignante anonyme surnommée “Jane”, à avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes sous sa supervision. Des vidéos de ces scènes, ainsi que des images d’agression, ont été projetées au jury. La procureure Maurene Comey avait insisté sur l’impunité dont semblait jouir l’accusé, affirmant qu’il « ne voyait même plus les limites qu’il franchissait ».
Le procès pénal fait suite à une plainte civile déposée en 2023 par Cassie, dénonçant un viol et des abus répétés entre 2007 et 2018. L’affaire, rapidement réglée à l’amiable, a néanmoins déclenché une vague de nouvelles plaintes, poussant la justice pénale à s’emparer du dossier. P. Diddy, aujourd’hui âgé de 55 ans, n’en était pas à ses premiers démêlés avec la justice, mais jamais un procès n’avait menacé aussi directement son image et sa liberté.
Même s’il échappe au pire, cette condamnation pour proxénétisme pourrait avoir un impact durable sur sa carrière et ses affaires. La date de son audience de condamnation n’a pas encore été fixée, mais les enjeux sont considérables. D’un point de vue légal, la peine maximale peut atteindre plusieurs années de prison. Sur le plan de sa réputation, la marque « Diddy » est irrémédiablement entachée, dans une industrie où l’image publique est centrale.
Les avocats de la défense ont tenté de convaincre le jury que leur client menait une vie “polyamoureuse” et consentie, en insinuant que les témoignages étaient motivés par des intérêts personnels ou financiers. Pourtant, les témoignages de Cassie et Jane ont révélé une emprise psychologique, avec menaces, manipulations et violences physiques. Les vidéos montrant Diddy traînant au sol une de ses ex-compagnes ont fortement pesé dans la balance.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de dénonciation des abus sexuels et de pouvoir dans le monde du divertissement américain. Après Weinstein, R. Kelly ou encore Russell Simmons, c’est une autre figure de l’industrie qui chute, partiellement du moins. Si la justice ne l’a pas condamné pour les accusations les plus lourdes, elle a reconnu l’existence d’un comportement criminel. Et pour de nombreuses victimes présumées, cela marque un premier pas vers la reconnaissance.