En pleine intensification des frappes russes, Washington a annoncé, mardi 1er juillet, la suspension de certaines livraisons d’armes à l’Ukraine, invoquant la nécessité de préserver ses propres stocks. Cette décision, qui concerne notamment les systèmes Patriot, les missiles Hellfire et l’artillerie de précision, a suscité une vive inquiétude à Kiev. L’Ukraine redoute un affaiblissement de ses capacités de défense alors que la Russie accroît la pression militaire sur le front.
La Maison Blanche justifie cette décision par la priorité donnée à la sécurité nationale américaine. Selon plusieurs médias dont Politico, cette réduction concerne des équipements cruciaux prélevés sur les réserves de l’armée américaine. Le Pentagone aurait alerté sur un risque de pénurie stratégique. Depuis le début du conflit, les États-Unis ont déjà livré plus de 66 milliards de dollars d’armements à l’Ukraine. La diplomatie ukrainienne avertit qu’un ralentissement de l’aide occidentale risquerait d’encourager la Russie à poursuivre son offensive.
Cette annonce intervient dans un contexte de blocage diplomatique. Les récentes tentatives de négociation à Istanbul n’ont pas abouti, et la situation sur le terrain continue de se dégrader. En juin, la Russie a intensifié ses attaques de drones, avec plus de 5 400 engins recensés, un record depuis le début de l’invasion. Les systèmes de défense antiaérienne ukrainiens, déjà sous tension, peinent à répondre à la fréquence et à l’intensité des frappes russes.
À Moscou, l’annonce américaine est perçue comme une victoire politique et stratégique. Le Kremlin y voit une opportunité d’accélérer la fin de ce qu’il nomme « opération militaire spéciale ». Le porte-parole Dmitri Peskov a affirmé que moins d’armes livrées signifie un pas de plus vers la fin des combats. Ce satisfecit contraste avec l’impasse diplomatique et l’aggravation humanitaire sur le terrain ukrainien.
Face à cette réduction, Volodymyr Zelensky a renouvelé ses appels à Washington pour obtenir davantage de systèmes de défense. Lors de son dernier échange avec Donald Trump en marge du sommet de l’Otan, le président ukrainien n’a obtenu aucune garantie. L’administration américaine, cherchant à se positionner comme médiateur, se montre prudente, au risque d’affaiblir l’allié ukrainien face à une Russie de plus en plus agressive.
Les experts redoutent que ce tournant ne fasse grimper le coût humain du conflit. John Hardie, analyste au sein du FDD, estime que la suspension partielle de l’aide militaire aura un impact direct sur la défense antiaérienne de l’Ukraine, favorisant les pertes civiles et militaires ainsi que la destruction d’infrastructures. À l’aube du 2 juillet, de nouvelles frappes russes ont visé la région de Kharkiv, tandis que Kiev a riposté en ciblant une raffinerie russe.