En l’espace de dix jours, les États-Unis ont conclu pour 2,5 milliards de dollars de contrats et d’engagements économiques en Afrique, avec un accent particulier sur l’Afrique centrale. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de Washington visant à réaffirmer son influence dans une région où la Chine occupe déjà une place prépondérante.
Parmi les annonces majeures, Hydro-Link a signé avec l’Angola un accord de 1,5 milliard de dollars pour construire une ligne de transmission privée de plus de 1 000 kilomètres. Celle-ci transportera l’électricité des barrages angolais vers les mines de Kolwezi en RDC. En parallèle, un consortium dirigé par Amer-Con Corporation prévoit de bâtir une vingtaine de silos à grains sur le corridor de Lobito, un axe logistique clé reliant l’intérieur du continent à la côte atlantique. Ces projets illustrent la volonté américaine de combiner développement d’infrastructures et renforcement de la sécurité alimentaire.
Cette série d’initiatives économiques intervient alors que la Chine domine depuis plusieurs années les investissements en Afrique centrale, notamment dans les domaines minier, énergétique et ferroviaire. En investissant dans des projets structurants, Washington tente de rattraper son retard, tout en s’inscrivant dans une logique de “friend-shoring” : sécuriser ses chaînes d’approvisionnement auprès de partenaires jugés plus fiables. Le corridor reliant la Tanzanie à l’Angola via la RDC et la Zambie est au centre de cette nouvelle géopolitique économique.
La diplomatie américaine s’active également sur le plan politique. Le 27 juin dernier, un accord de paix a été signé à Washington entre la RDC et le Rwanda. Il prévoit un cadre d’intégration économique régionale. Dans la foulée, Ruzizi III Holding Power Company a officialisé un partenariat avec l’américain Anzana Electric Group, qui prend une participation de 10 % dans un projet hydroélectrique transfrontalier de 760 millions de dollars.
Ces annonces ne constituent qu’un avant-goût des ambitions américaines sur le continent. D’autres accords devraient être signés dans les semaines à venir, toujours autour de l’énergie, de l’agriculture et de la connectivité régionale. L’approche est double : sécuriser les intérêts économiques américains tout en répondant aux besoins d’infrastructures et de stabilité des pays africains partenaires.
Reste à savoir si cette offensive américaine marquera un tournant durable ou s’il s’agit d’une opération conjoncturelle. Pour peser face à la Chine, Washington devra non seulement multiplier les annonces, mais surtout garantir l’exécution effective des projets, leur pérennité, et leur ancrage local. Les États africains, eux, gardent la main : ils arbitreront selon leurs intérêts, entre promesses anciennes et nouvelles alliances.