Du 9 au 11 juillet, cinq chefs d’État africains sont attendus à Washington à l’invitation de l’administration Trump pour un mini-sommet centré sur les questions économiques et sécuritaires. L’événement, organisé dans un format restreint, survient alors même que les États-Unis envisagent de restreindre l’entrée sur leur territoire à 25 pays africains — dont certains représentés à cette réunion.
Les présidents du Liberia (Joseph Boakai), du Sénégal (Bassirou Diomaye Faye), de la Mauritanie (Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani), du Gabon (Brice Clotaire Oligui Nguema) et de la Guinée-Bissau (Umaro Sissoco Embaló) participeront à cette rencontre. Selon Africa Intelligence et FrontPage Africa, les échanges porteront sur le renforcement des relations économiques, la diplomatie commerciale et la coopération en matière de sécurité. Ce format restreint contraste avec les grands sommets multilatéraux, souvent critiqués pour leur caractère symbolique.
Ce mini-sommet intervient quelques jours seulement après la tenue du 17ᵉ Sommet États-Unis–Afrique des affaires à Luanda, où plus de 2,5 milliards de dollars d’accords ont été signés. Mais la dynamique affichée d’un partenariat gagnant-gagnant est mise à mal par une fuite de documents internes révélant que Washington envisage d’interdire l’entrée à 25 pays africains, au nom de la sécurité nationale. Parmi les motifs invoqués : falsifications de documents, dépassements de visa et défaillances administratives. Or, plusieurs pays concernés — dont le Sénégal, la Mauritanie, le Gabon et le Liberia — seront paradoxalement représentés à Washington.
Ces annonces jettent une ombre sur la stratégie africaine des États-Unis. Alors que Washington affirme vouloir intensifier les investissements et renforcer les partenariats, sa politique migratoire envoie un signal inverse. Une première vague d’interdictions, en juin, avait déjà visé des pays comme le Tchad ou la République du Congo. Cette dissonance alimente les critiques d’une approche opportuniste : séduire les États africains les plus stratégiques tout en durcissant l’accès au territoire américain.
En recevant un cercle restreint de dirigeants, l’administration Trump semble privilégier une diplomatie bilatérale sélective. Les pays invités jouent un rôle clé dans des secteurs d’intérêt stratégique pour Washington : les minerais critiques, la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, ou encore la lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé. Ce recentrage s’inscrit aussi dans une logique de compétition géopolitique, notamment face à l’influence croissante de la Chine sur le continent.
Reste à savoir si ce mini-sommet débouchera sur des mesures concrètes ou s’il s’agira d’un simple exercice de communication destiné à rassurer certains partenaires. La contradiction entre ambitions économiques et pratiques migratoires risque de fragiliser la crédibilité de Washington auprès de ses interlocuteurs africains. Pour nombre d’observateurs, le vrai test sera la capacité des États-Unis à traduire leur discours en actes, au-delà des promesses formulées lors des rencontres de haut niveau.