Le deuxième sommet des chefs d’État de la Confédération des États du Sahel (AES) se tiendra en décembre 2025 à Bamako, au Mali. L’annonce a été faite le 4 juillet par la présidence malienne. Cette rencontre réunira une nouvelle fois les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger, unis depuis leur retrait conjoint de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Elle vise à renforcer leur coopération politique et sécuritaire dans un contexte de rupture ouverte avec les institutions ouest-africaines traditionnelles.
Le sommet de Bamako s’inscrit dans la continuité de celui de Niamey, tenu en juillet 2024, qui avait marqué un tournant avec la transformation de l’Alliance des États du Sahel, créée un an plus tôt, en Confédération. Cette dynamique traduit la volonté des trois régimes militaires de construire un bloc autonome, débarrassé – selon eux – de l’influence de puissances extérieures comme la France, accusée d’ingérence via la Cédéao. Depuis, la coordination entre les États membres de l’AES s’est intensifiée, notamment sur les plans militaire et diplomatique.
La fracture avec la Cédéao remonte à septembre 2023, quand les trois pays, tous dirigés par des juntes issues de coups d’État, annoncent la création de l’AES. Leur sortie de la Cédéao, devenue effective en janvier 2025, a été justifiée par un rejet de ce qu’ils considèrent comme des sanctions injustes et une gouvernance supranationale biaisée. Malgré les appels au dialogue et les tentatives de médiation menées par les présidents du Sénégal et du Ghana, Bamako, Ouagadougou et Niamey ont persisté dans leur choix d’un désengagement progressif et organisé.
Depuis plusieurs mois, des discussions sont toutefois engagées pour clarifier les bases d’une future coopération. Une première rencontre formelle a eu lieu en mai à Bamako entre les chefs de la diplomatie de l’AES et le président de la Commission de la Cédéao. En réaction, les dirigeants ouest-africains ont mis en place, en juin 2025, une troïka chargée de suivre et d’accompagner les négociations. Ce processus témoigne d’un double mouvement : d’un côté, la consolidation d’un nouvel espace sahélien ; de l’autre, la tentative de la Cédéao de préserver une relation minimale avec ses anciens membres.
La tenue du sommet à Bamako confirme l’importance que le Mali entend jouer dans cette configuration régionale. Mais derrière l’image de cohésion affichée par l’AES, des incertitudes demeurent : quelle sera la capacité de ces États à dépasser la rhétorique souverainiste pour bâtir une gouvernance régionale crédible ? Quelles alternatives concrètes aux institutions financières, sécuritaires et juridiques de la Cédéao seront proposées ? La réponse à ces questions déterminera en grande partie la viabilité du projet AES à moyen terme.