Mamadou Hawa Gassama, figure politique malienne et membre influent du Conseil national de transition (CNT), a été arrêté à Abidjan le 2 juillet alors qu’il se rendait à Séguéla pour assister à des funérailles. Il est poursuivi pour « outrage, incitation à la haine et incitation à la déstabilisation des institutions » et a été placé sous mandat de dépôt. Ce geste pourrait raviver les tensions entre la Côte d’Ivoire et le Mali.
Gassama s’est récemment distingué par des prises de position très critiques à l’égard du gouvernement ivoirien. Il accusait notamment Abidjan d’ingérence dans les affaires intérieures des États sahéliens, dans un contexte marqué par le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO. Ses déclarations, largement relayées sur les réseaux sociaux, ont contribué à alimenter les tensions diplomatiques déjà sensibles entre les deux pays.
Les relations entre Abidjan et Bamako se sont dégradées depuis plusieurs années. En juillet 2022, 49 soldats ivoiriens en mission au Mali avaient été arrêtés à Bamako, accusés d’être des mercenaires. Ils n’avaient été libérés qu’après six mois de détention, à l’issue de négociations menées par plusieurs médiateurs. Cet épisode a laissé des traces dans les esprits et alimente la méfiance entre les deux capitales.
À Bamako, l’interpellation de Gassama est perçue par certains responsables comme une provocation. Des voix proches du pouvoir malien demandent sa libération immédiate et y voient une tentative de pression politique. Dans un contexte où les relations entre les pays d’Afrique de l’Ouest sont en pleine recomposition, ce type d’incident risque de nourrir la défiance envers les institutions régionales et les capitales jugées trop alignées avec l’ordre ancien.
Avant d’intégrer le CNT, Gassama avait été élu à plusieurs reprises député à Yilémané, sous les couleurs de l’Adema puis de l’URD. Depuis le changement de régime en 2021, il s’est rapproché des nouvelles autorités de Bamako, qu’il soutient ouvertement. Son arrestation ne saurait être réduite à une affaire judiciaire isolée, tant elle touche à la posture politique de la transition malienne et aux clivages idéologiques dans la région.