Simone Ehivet Gbagbo a réaffirmé, samedi 5 juillet à Yopougon, sa volonté de briguer la présidence en octobre prochain. À l’occasion de la troisième édition de la « fête des libertés », organisée par son parti, le Mouvement des générations capables (MGC), l’ancienne Première dame a tenu un discours offensif contre les inégalités sociales, dans un contexte de faible mobilisation populaire.
Sur un terrain de sport de Yopougon, quelques centaines de militants ont répondu à l’appel du MGC pour marquer l’instauration du multipartisme en Côte d’Ivoire. Malgré une affluence réduite, l’ambiance se voulait festive. Simone Ehivet, vêtue aux couleurs du parti, a esquissé quelques pas de danse avant de prendre la parole. Le message était sans équivoque : dénonciation des conditions de vie jugées dégradées pour la majorité des Ivoiriens, critique d’un système sanitaire à l’abandon, et attaque contre une élite politique accusée de privilégier l’étranger pour se soigner.
Le discours du jour a permis de rappeler les axes forts du programme du MGC : lutte contre la corruption, renforcement de l’autosuffisance alimentaire, accès au logement social. Face aux représentants de la coalition CAP-CI, Simone Ehivet a martelé sa volonté de transformer la Côte d’Ivoire en un pays de justice sociale et de cohésion nationale. « Je suis bien candidate », a-t-elle assuré, sans détour, devant ses partisans.
Pour que cette candidature devienne officielle, le MGC doit encore franchir un obstacle de taille : la collecte des parrainages exigés par la loi électorale. Le parti doit obtenir le soutien d’au moins 1 % des électeurs dans la moitié des régions du pays avant la fin août 2025. Une course contre la montre qui s’annonce difficile pour une formation encore jeune, créée en 2022, et qui peine à rassembler au-delà de ses bastions militants.
Simone Ehivet reste une figure centrale du paysage politique ivoirien. Ancienne Première dame, ancienne détenue politique, elle tente aujourd’hui de se repositionner dans une scène dominée par le duel Ouattara-Bédié-Gbagbo. Mais sa marge de manœuvre est étroite : ni totalement en rupture avec son passé, ni pleinement intégrée dans la nouvelle génération politique, elle joue une carte risquée dans une élection qui s’annonce très compétitive.
Si le discours de Yopougon a permis de poser les bases de sa campagne, la route vers le scrutin reste semée d’embûches. Il lui faudra élargir sa base électorale, convaincre au-delà du cercle des fidèles et surtout, démontrer sa capacité à rassembler un pays encore fracturé. Le défi est d’autant plus grand que la société ivoirienne reste profondément marquée par les crises post-électorales passées et les divisions politiques persistantes.