À l’occasion des 50 ans de l’indépendance des Comores, célébrés ce 6 juillet 2025 au stade de Malouzini, le président Azali Assoumani a prononcé un discours appelant à « bâtir un État moderne ». Devant des milliers de citoyens et en présence de trois chefs d’État africains, il a placé son intervention sous le signe de l’unité nationale, tout en réaffirmant l’attachement des Comores à Mayotte, restée sous souveraineté française.
Le chef de l’État a exhorté les Comoriens à tirer les leçons de leur passé troublé – coups d’État à répétition, interventions de mercenaires, velléités séparatistes – pour s’engager dans une nouvelle phase de construction nationale. « Ce cinquantenaire n’est pas un aboutissement mais un appel à l’action », a-t-il déclaré, appelant à renforcer les institutions et le respect de l’État de droit, dans un souci de développement inclusif et d’équité pour tous les citoyens.
Ce message d’unité n’a toutefois pas convaincu l’opposition, largement absente de la cérémonie. Parmi les rares figures présentes, l’avocat et ancien ministre Fahmi Saïd Ibrahim El Maceli a exprimé des réserves sur la sincérité de l’appel présidentiel. Il a notamment demandé la libération de l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi, toujours emprisonné, comme condition indispensable à une véritable réconciliation nationale.
Les célébrations ont donné lieu à des défilés militaires, incluant des contingents venus de Chine, du Maroc et de Tanzanie. La participation étrangère visait à souligner les alliances stratégiques et les soutiens historiques des Comores. Un moment fort de la journée a été le discours de la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, qui a rappelé le rôle clé de la Tanzanie dans la lutte pour l’indépendance comorienne, en saluant les sacrifices des figures politiques de l’époque.
La revendication du retour de Mayotte au sein de l’Union des Comores reste un point central du discours officiel, régulièrement réaffirmée lors des grandes occasions. Mais cette position, bien que consensuelle dans le discours national, masque souvent les tensions internes et les fractures politiques qui minent les dynamiques de réforme. En appelant à « refuser les divisions », Azali semble vouloir réorienter le débat vers une gouvernance plus inclusive, mais la portée concrète de ces engagements reste incertaine.
Ce cinquantenaire a permis de raviver la mémoire collective autour des combats pour l’indépendance. Mais il a aussi exposé les fractures actuelles : d’un côté, une présidence qui se veut réformatrice ; de l’autre, une opposition qui doute de la sincérité du discours. La commémoration de l’indépendance aurait pu servir de tremplin pour un dialogue national, mais les conditions d’une telle ouverture ne semblent pas encore réunies.